L'Inquisiteur et le bourgeois

Neribel, petit village de Provence, 14 janvier 1455.

Six heures sonnèrent au clocher de Neribel. Noctilius se réveilla. Il se frotta fortement les yeux puis les ouvrit. La pièce était sombre. La baraque de Noctilius n'avait pour éclairage que de petites bougies. En tant que vampire il lui était de toute façon peu recommandé d'être atteint par un rayon de soleil. Le jeune homme attrapa sa cape sur la chaise à côté de sa couche. Il se redressa brusquement et poussa les couvertures sur le côté. Il s'assit sur le côté de son lit et revêtit son habit. Il prit particulièrement soin, comme à son habitude, de bien couvrir chaque partie de son corps. Il serra la cape avec une ceinture métallique. Enfin, il remonta la capuche sur sa tête et emporta en sortant au dehors son épée qui était accrochée au mur.

A l'extérieur il faisait noir et il pleuvait. Nocitius n'avait pas encore attaché son arme dans son dos. Il observa d'un regard lent et circulaire s'il n'y avait pas de templiers dans les alentours. Puis, concluant que la voie était libre, il accrocha son épée et partit. L'herbe était trempée et glissante sous ses pas. Il manqua plusieurs fois de tomber le nez dans la boue. Le vampire se dirigea vers le village. Il avait installé son habitation en dehors de celui-ci pour éviter d'être déranger et pour être plus discret. Il avançait d'un pas lent et écoutait tout les bruits autour de lui.
La veille, on était venu le trouver, pour un boulot de la plus haute importance comme on le lui avait dit. On lui avait juste donné un simple rendez-vous et puis on l'avait laissé à son travail. Le vampire doutait de la nature du rendez-vous :

*Peut-être est-ce un piège... Après tout, les templiers son partout. J'ai peut-être été repéré... Peu importe. Si c'est un piège de leur part, je les tuerai...*

Le mercenaire arriva au lieu du rendez-vous. Il se trouvait désormais sur une place déserte. Le vent soufflait fort et faisait voler les feuilles. Il n'y avait rien à l'horizon, d'ailleurs la place était très silencieuse, trop silencieuse. Soudain, un bruit d'armure sur la droite ! Noctilius fit volte-face. Un homme vêtu d'un habit orné d'une croix était posté à côté de Noctilius. Il avait l'air calme. En tout cas ce n'était pas la personne qu'il avait vu la veille.
"Noctilius Ari...", commença-t-il.

Mais il n'eut pas le temps de finir car Noctilius avait vivement dégainé son épée et lui avait lancé dans la poitrine. Le soldat hurla. Noctilius le regardait avec malice. Le soldat tenta de retirer l'espadon de son corps. Cependant, cette épée était forgée de telle façon que celui qui tentait de l'enlever d'un corps arrachait des bouts de chair en plus. Le soldat tira. Pendant ce temps, sans qu'il s'en rende compte, le vampire l'avait rejoint. Noctilius trouvait ce spectacle tout simplement magnifique. Un vrai spectacle de tragédie avec un registre pathétique très vaste. Mais il fut bien un moment où le jeune homme ne put supporter les plaintes du soldat. L'homme venait de relever la tête. Elle n'exprimait vraiment que la douleur et la haine. Mais Noctilius n'avait que faire de cela. Il empoigna l'épée qui se trouvait encore où il l'avait laissé. L'homme le regardait profondément comme s'il demandait miséricorde. *Pff, quelle belle vision. Comme il est pathétique. Encore un recruté par manque de troupe* pensa Noctilius. Il poussa sur l'épée et l'enfonça encore plus. Le soldat cracha une flaque de sang. La vision de cette belle substance rougeâtre agit comme l'adrénaline sur le vampire. Il mordit dans la chair molle du soldat et commença à boire le doux breuvage tant aimé. L'homme se détendit. Soudain, le mercenaire entendit un souffle articulé qui provenait de la gorge de sa victime :
"Vade ret.....Ghaaaaaaaaaaaaa!"

S'en était fini. Noctilius avait violement retiré l'épée, ce qui acheva le soldat. Il poussa le corps dans un coin pour le cacher. Il le fouilla. Il n'y avait pas grand chose sur le cadavre, surtout qu'un crucifix empêcha Noctilius de chercher plus. Le seul butin fut quelques pièces et un parchemin décoré d'une croix. Noctilius le garda pour la suite des événements. Son employeur n'avait pas fait que lui donner rendez vous. Il lui avait aussi indiqué où se situait sa demeure. Il pensait sûrement que le templier tuerait Noctilius facilement. Malheureusement pour lui, ce n'était pas le seul templier qu'il avait du tuer pour survivre. Il devait se venger maintenant. On l'avait trompé alors il tromperai....

Maison du traitre, à côté de Neribel, le même jour quelques heures après...

Il prit l'apparence du templier dont il avait bu le sang quelques minutes plus tôt. Il commença à se diriger vers la maison de son soi-disant employeur. Il coupa par une artère et arriva hors du village. Il marchait sur un petit chemin pavé. Au loin on pouvait apercevoir une grande maison. Le genre de bâtiment que seuls les riches artisans pouvaient s'acheter. Il finit par tomber sur un grand portail. Des gardes étaient postés de chaque côté. A la vu de Noctilius, ou plutôt du templier. Ils s’avancèrent et firent barrage. Le jeune homme qui ne savait pas le nom de l'homme essaya de régler les choses sans effusion. Ce serait trop dangereux pour le moment. Il s'occuperait d'eux après en avoir finit avec leur maître.

"Laissez-moi passer messieurs, je n'ai pas de temps à perdre", dit-il en imitant la voix du templier.

Ils s’écartèrent lentement, semblant redouter une attaque. *Les idiots ! Vous croyez qu'attaquer deux gardes sans ameuter toute la maison est possible. Pff !!!* Il entra dans la cours. Elle était elle aussi pavée. Il tapa à la porte. Elle s'ouvrit sur un petit bonhomme vêtu de frusque. Il avait le regard vide. Il avait l'air faible, tout maigre qu'il était. D'une main squelettique il fit signe à Noctilius d'entrer. Le jeune homme, toujours sous la forme du templier, s'exécuta. Une voix résonna enfin dans cette bâtisse bien trop silencieuse :

"Sieur Tarnus vous êtes revenu à ce que je vois", lança la voix de crécelle.

Un homme chauve, vêtu de vert, s'avança vers le mercenaire. Il sentait la sueur et le vin. Il avait de grosses mains et une fine moustache. A vrai dire, il était très laid. Il avait bu assez pour vaciller d'un côté à l'autre mais arrivait encore à parler correctement. Il lorgnait Noctilius d'un œil à demi fermé. Il avança sa main vers l'épaule du jeune homme qui voulu esquiver mais qui se retint pour préserver sa couverture. *Je te ferais payer ce geste sale illuminé !* L’autre continuait à parler de son insupportable voix :

"Alors, pas trop difficile comme travail, non ? Tenez, voici les pièces d'or promises"

Il tendit la main à sa bourse et la détacha. Il la mit dans la main du mercenaire. *Hé ! Hé ! Quelle douce vengeance ! Ma victime me paye chèrement son meurtre*. Il observa la maison. Les esclaves s'affairaient partout. *Ce n'est pas grave, que pourraient-ils faire contre moi...* L'homme qui avait vu Noctilius bouger lui demanda, inquiet :

"Il se passe quelque chose seigneur Tarn..."

Il n'eut pas le temps non plus de finir. Son cadavre macula le sol de sang. Le vampire dévisagea les esclaves qui s'étaient arrêté. Puis il redirigea son regard vers le corps inerte de l'homme.

"Mille excuses mais aujourd'hui je ne suis pas d'humeur à vous laisser terminer vos phrases"

Noctilius se retourna et sortit doucement de l'édifice sous les regards effrayés des spectateurs. Au dehors, les gardes étaient toujours aussi réactifs. Ils se tenaient devant le mercenaire-templier. Le jeune homme attendait la réaction des deux idiots. Ils finirent enfin par voir la lame ensanglantée dans sa main. Leurs mains se crispèrent sur leurs armes. Ils devinrent tout de suite plus réactifs. L'un d'eux commença à foncer, lance pointée vers le vampire qui n'avait pas changé de forme.

L'épée que tenait Noctilius était plus lourde et il lui fallait donc mobiliser plus de force dans son bras. Bien que ses blessures se soignassent d'elles même, le jeune homme n'aimait pas se voir blesser par un quelconque humain. Il fit un pas de côté mais n'arriva qu’à peu se protéger de la lance du garde. Il fût littéralement transpercé. Il savait qu'il ne mourrait pas de cette blessure mais il fit mine que le coup fût fatal. Il mima un visage plein de douleur et cria. En réalité pour lui, c'était surtout un cri pour se défouler un peu, mais ça avait l'air de marcher pour les gardes. *Que ça fait du bien de crier de temps en temps !!!* Les gardes commençaient déjà à crier victoire. Les voila qui lançait des grand "yipiiii!" à tout bout de champs. Le problème pour eux, c'est que Noctilius n'aimait pas beaucoup les idiots qui ne vérifient même pas l'état du cadavre avant de se féliciter. Alors, celui-ci eu la bonne idée de gâcher leurs petites réjouissances. Il reprit son visage sérieux ainsi que son teint blanc et ses vêtements. Puis lança d'un ton simplet :

"Euh... Dites, je ne voudrait pas gâcher la p'tite fête mais je suis encore là et sérieusement... Vous devriez réviser la fabrication de ces lances."

A ces mots, les deux hommes se retournèrent et s'écrièrent en même temps :

"Hein ?! Mais qui êtes-vous ?"

C'est alors que Noctilius ressentit une profonde lassitude. *Mais ce n’est pas possible qu'ils aient l'esprit si léger ces deux là!* Le vampire regarda la lance puis les gardes, plein de mépris. Quelques secondes passèrent avant que les deux autres ne réagissent.

"Sieur Tarnus?"

Noctilius d'un geste vif retira la lance de son corps et lança d'une voix douce :

"Appelez moi plutôt Noctilius, ce serait si gentil"

Il se mit a courir vers le garde armé et commença à le rouer de coup de lance. L'autre s'était écarté. L'arme du pauvre homme commençait à lui glisser des mains sous l'effet des vibrations. La blessure du vampire s'était refermée. Il exécuta un tour sur lui même pour se déplacer sur le côté non protégé du soldat et lui assaini un coup dans la jambe droite. Celui-ci perdit l'équilibre et tomba à terre. D'un mouvement, Noctilius changea de main son arme. Sans pitié, il attrapa le soldat en lui enfonçant les doigts dans son corps. Il approcha la bouche vers le coup du malheureux et lui planta ses crocs dans la chair. Le liquide coula dans sa gorge tel un millésime du plus grand vin. Le plaisir du sang vint se répandre dans la tête du vampire. Il sortit de sa bouche un petit bruit de jouissance. Il avait les yeux fermés. *Hum !!! Quel délice ! Quel dommage, je doit me dépêcher de m'éclipser !* Il rouvrit les yeux. Il sentait une force puissante s'emparer de lui. Le sang agissait en lui. Un flux bienfaiteur parcourait tout son corps. Soudain, il jeta violement le corps vers un mur et aussitôt lança la lance dans sa direction. Le choc fit voler de la chair heurtée par la lame. Le sang recolora les pavé tendit que le corps inerte fit un magnifique trophée. La lance tomba des mains du cadavre en produisant un bruit sourd...

*Bon, passons à l'autre maintenant* Il chercha du regard le soldat désarmé. Il se tenait dans un coin de la cours, une épée à la main. Il tremblait. Sa lame vacillait de droite à gauche. Alors, Noctilius eu une idée pour s'en sortir sans être repéré. Depuis qu'il était sortit, il avait remarqué que tout les esclaves étaient restés à l'intérieur. De plus, il avait remarqué une torche encore allumée au mur et une réserve de bois bien garnie. *Pas de témoins, pas d'histoire* se dit-il. Il prit un regard plus doux et interpela le soldat :

"Eh toi ! Je suppose que tu n'a pas envie de mourir, alors va à l'intérieur et empêche tout les autres de sortir. Si tu fais cela il ne t'arrivera rien..."

[i] Il s'exécuta et entra dans la bâtisse. On entendit des bruits à l'intérieur qui semblèrent ensuite s'arrêter peu à peu. Le vampire se dirigea vers le bois et en entoura la maison en prenant bien soin de faire en sorte que la porte ne puisse s'ouvrir. Ensuite il décrocha la torche au mur et ouvrit le portail. Il inspira un grand coup l'air pur puis lança la torche dans le tas de bois qu'il avait empilé à l'entrée. Une petite fumerole, puis une flamme apparut. Rapidement, le feu s'empara du bâtiment qui brûla de toute sa hauteur. Quand le vampire fut sure que le feu avait tué tout le monde à l'intérieur, il se mit à courir en direction du village.

Neribel, puis le lieu de l'incendit, le même jour, quelques heures plus tard...

Une fois qu’il eu atteint celui-ci, il commença à crier :[/i]

"A l'aide ! Il y a le feu à la maison là bas. Venez m'aider!"

*Ainsi, je ne me ferai pas repérer...* Plusieurs volets s'ouvrirent et des têtes en immergèrent. Les gens sortaient de leur maison avec des seaux et accoururent vers Noctilius. Il leva les bras vers le ciel et lança à l'attention de son publique :

"Suivez moi tous ! Nous allons aider les pauvres gens coincés à l'intérieur."

En réalité, le jeune homme savait pertinemment que la maison était maintenant vide de toute vie. Cependant, il fallait paraître innocent ou cette affaire s'ébruiterait. La foule se mit a suivre le vampire sur le chemin de la maison. Il pressait le pas en sachant très bien que ça ne changerais rien, à part qu'il serait toujours tranquille. La foule finit par atteindre la maison, ou plutôt les cendres de la maison. Le vampire baissa la tête vers les cendres :

"Nous sommes arrivés trop tard.", dit-il en mystifiant la tristesse.

Les villageois baissèrent tous la tête en signe de condoléances. Ils restèrent tous une minute silencieux comme le voulait la tradition, puis le prêtre du village arriva et bénit le lieu. Tous regagnèrent le village et Noctilius sa cabane en attendant qu'on vienne lui demander service.