Le Vatican.

Provenance : Une chapelle dédiée à la Vierge.

20 juin 1455, Italie, le Vatican.

Le voyage avait été long et éprouvant, surtout lors de la traversée des Alpes. Les montés et descentes successives avaient épuisé les montures et de nombreuses pauses s'étaient imposées? Mais enfin ils y étaient... Au Vatican. Ce magnifique bâtiment qu'Armand considérait comme son second refuge, là où il avait appris à devenir un inquisiteur.

Il s'avancèrent lentement en contemplant l'obélisque au centre de l'arène délimité par deux demis cercles de colonnes, puis les statues sur le toit du monument religieux. Ils franchirent la porte d'entrée et pénétrèrent à l'intérieur de ce lieu de culte d'une symbolique très forte à l'époque.

Ils demandèrent audience au pape qui ne les reçut pas immédiatement. Après plusieurs minutes d'attente, qui ne furent en rien pénible pour Eryndel. Elle découvrait ce nouvel environnement qu'elle avait essayer d'imaginer sans pouvoir concevoir un endroit aussi magnifique. Un moine franchit la porte de la pièce où les deux prêtres patientaient :

« Mon frère, ma sœur, le pape Calixte III vous accorde audience. »

20 juin 1455, Italie, le Vatican.

L'inquisiteur se releva, il avait toujours apprécié l'homme qui devant lequel, et sans doute le seul, il venait de s'agenouiller. Bien qu'intransigeant et d'une sévérité jugée parfois radicale, aux yeux d'Armand avait toujours semblait juste :

« Mon fils je suis heureux de vous voir revenir de la capitale française si rapidement. Comment s'est passé votre mission mon fils, racontez moi tot. »

Armand s'exécuta, comme le pape le lui avait demandé. Le vieil homme ne cessait de regarder le nouveau visage blond, à présent dénué de cicatrice de cet homme autrefois au cœur d'acier qu'il avait envoyé à Paris afin de mettre un terme aux rumeurs d'hérésie qui y courait. Il avait félicitait Eryndel pour les guérisons miraculeuses qu'elle avait accomplie par l'intermédiaire du Seigneur et avait souligné que c'était sans nul doute grâce à son comportement de chrétienne exemplaire que cela avait pu être possible. Il écouta avec passion le passage de la résurrection d'Armand, confirmé par les paroles douces et sages de la jeune guérisseuse. Il bénit les hommes de Zilmar pour leur aide dans cette enquête, les deux prêtres ne mentionnèrent à aucun moment la nature vampirique du chef des Bas-Fonds parisiens. Puis le moment des aveux arriva :

« Malgré tout cela, ma mission est un échec...
- Pourquoi donc mon fils ? Avec l'aide du Tout Puissant votre quête n'a pas pu être aussi catastrophique.
- Nous avons découvert une véritable armée de goules dans les sous-terrains de la capitale, ainsi que la présence d'un aristocrate vampirique très influent au sein même de la noblesse. Et je n'ai rien pu faire pour les condamner aux sentences qui leurs étaient dues au rachat de leurs fautes... J'ai échoué ! Je n'ai pas eu le courage de les affronter ! »

Calixte frappa du poing sur les accoudoirs de son siège et se leva d'un bond suprenant Eryndel sur la vitalité du vieil homme :

« C'est inadmissible ! Vous étiez si proche de votre but ! Comment avez-vous pu laisser une occasion pareil de mettre un terme aux agissements hérétiques qui sévissaient au coeur même de votre propre patrie ?! »

Eryndel voulut intervenir, trouvant l'emportement du pape injuste. Elle aurait démontré à quel point l'inquisiteur avait combattu autant par les armes que par les mots pour combattre ce qu'il estimait être le mal. Elle aurait voulu dire à quel point cet homme qu'elle avait tant craint, puis haïs au début de leur aventure s'était montré courageux, qu'il n'avait pas hésité à se jeter dans les flammes pour la sortir d'une embuscade, que son bras avait toujours été à ses côté pour combattre les des mort-vivants et le Malin lui même. Mais Armand la retint en lui saisissant le bras :

« Pardonnez moi mon père... Mon échec est impardonnable ! Je suis indigne de servir l'inquisition, alors permettez moi de me retirer. Je n'ai pas su accomplir mes devoirs d'inquisiteur, je vous en supplie accordez moi au moins l'honneur d'assumer mes fautes... Je vous demande la permission de ne plus servir Dieu en tant qu'inquisiteur, mais en temps que simple prêtre... »

Eryndel eut envie d'exploser, elle trouvait tout ça tellement injuste, elle voulait hurler que c'était une honte, elle aurait voulut trouver la force de crier que c'était honteux au point de jurer si cela avait pu changer quelque chose :

« Je devrais vous empêcher d'agir au nom du Seigneur pour avoir manquer à vos obligations, qui consiste à protéger les fidèles de démons tel que ce Larmesang. Mais après ce que vous avez accompli dans les quartiers pauvres de Paris il serait injuste d'agir de cette façon... Armand Darrat, tout comme votre père adoptif, je consent à ce que vous vous retiriez des ordres inquisitoriaux. Dorénavant vous serez prêtre. Vous laisserez vos atouts d'inquisiteur et repartirez sans.
- Merci Monseigneur... »

Les deux prêtres s'inclinèrent une dernière fois avant de tourner les talons.

« Pourquoi ? »

Armand sourit malgré deux larmes qui coulèrent le long de ses joues. L'émotion était à son comble pour les deux prêtres. Ils avaient vécu tant d'évènements ensemble et voir que tout cela se termine par ce genre d'échec les avait mis à fleur de peau. L'ancien inquisiteur présenta sa main à Eryndel :

« Prend ma main et tu comprendras mieux que si je mettais des mots maladroits sur mes raisons. »

Elle glissa ses doigts au creux de la paume qui lui était tendue. Une vive émotion submergea les sens de la jeune femme de foi. C'était celle d'une tristesse sans nom, presque aussitôt des larmes coulèrent également sur le visage rougit par la colère de voir Armand ainsi bannit de l'inquisition. Puis des images se formèrent devant les yeux d'Eryndel. Elle se vit à travers ceux d'Armand et ressentait tout ce qu'il avait pu ressentir. Elle revécut les disputes qu'ils avaient eu, d'abord son l'homme ne ressentait rien, il campait solidement sur ses convictions, jusqu'à ce que peu à peu les liens ne se tissent entre eux.

Elle ressentit la panique qu'avait éprouvé Armand lorsque, durant l'embuscade, elle avait été encerclée par les flammes. C'était cette force affective, mêlée de cette peur panique de la perdre, de se retrouver seul qui l'avait poussé à se jeter dans les flammes pour la rejoindre... Quitte à mourir avec... Puis la prière qui avait suivit au milieu des langues de feu ardentes qui venaient doucement lécher leurs vêtements avec gourmandise. Armand avait prit sa main, ce geste naturel avait néanmoins bouleversé à jamais l'homme qui n'avait jamais eu ce genre de contact avec qui que ce soit d'autre.
Puis vint les multiples combats qu'il avaient partagé, le soir où sa plaie infectée l'avait plongé dans le coma. Elle ressentit ses émotions exclusivement tournée vers la prêtresse, vers l'espoir qu'elle le sauve, jusqu'à ce qu'Armand entende la prière qu'elle lui avait adressé ce soir là pour qu'il se rétablisse. Elle fut émue aux larmes de ressentir la quiétude qui en avait découlé, de le sentir rassuré, de sentir à quel point il avait foi en elle... Bien plus que ce qu'il avait dit lors de précédentes disputes.
Puis un trou noir arriva, Armand était mort dans la chapelle, ce fut les mots de Dieu qui le réveillèrent : '' Ton destin ne s'arrête pas là, mon fils. Ton coeur a cessé de battre trop tôt. Il te reste encore de grande de chose à accomplir. Tu es toi aussi un vrai croyant, car malgré tes erreurs, tu es toujours revenu vers moi. Tu es trop prompt à la colère, alors n'oublie que je prône la tempérance en tout lieu et tout temps. Va, et apporte l'espoir en tout lieu, car tu n'es plus maintenant investit du pouvoir de châtiment, mais de celui de paix offert à mes messagers sur Terre. ''

Puis le lien de compassion cessa, ils n'échangèrent aucun mot, Eryndel avait compris pourquoi il avait accepté de renoncer à l'inquisition. Armand n'était plus un
inquisiteur, mais un messager de Dieu tout comme elle, comme n'importe quel prêtre.

Direction, France, région de Paris.