Oyster marchait depuis un moment déjà, éclairé par une lune pleine et blanche. Il espérait arriver au prochain village avant le lever du jour, mais il allait sans doute devoir trouver un autre endroit où s'abriter des rayons du soleil. Aussi loin qu'il puisse voir, aucune lumière ne se profilait à l'horizon et l'astre du matin ne tarderait pas à pointer le bout de son nez. Il continua cependant sa route, bien décidé à aller le plus loin qu'il le pourrait.
Et soudain, des cris. Des cris de femme. Il accéléra le pas et au bout du chemin, il vit une silouhette accourir dans sa direction. Une femme d'une grande beauté, avec ses longs cheveux dorés, un fin visage et un corps finement taillé, avec tout juste ce qu'il fallait de rondeurs. Elle n'était que très légèrement habillée, ce qui mettait encore un peu plus en avant ses formes généreuses. Ce qui ne manqua pas de laisser Oyster parfaitement indifférent. Il remarqua par contre que ses bras étaient contusionés et qu'elle tremblait de tout son corps.
- Jusqu'où comptes-tu courir comme ça, catin?!
La voix, grasse et forte, appartenant certainement à la personne que fuyait la pauvre femme. La voix d'un homme costaud, à n'en pas douter. Costaud et passablement saoûl.
Oyster pressa encore son allure afin de se placer entre l'ivrogne et sa victime. S'élevant de toute sa hauteur, il fit face sans prononcer le moindre mot. La demoiselle en détresse s'était laissée tomber à genoux derrière lui, s'accrochant à son manteau et pleurant maintenant à chaudes larmes.
- Faites quelque chose, aidez-moi, je vous en supplie, geignit-elle.
- Silence, vieille folle, tu ne perds rien pour attendre. Tu vas me suivre bien sagement jusqu'à la maison et ...
Mais il n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Sans un bruit, Oyster abatit sa faux. Le malheureux saoûlard tomba à genoux, la gorge tranchée. La Justice avait rempli son oeuvre, tranchante, implacable. Après un court moment de battement, la veuve se remit à hurler. Oyster tourna lentement son regard vers elle et alors seulement, elle vit son visage. La blancheur naturelle de sa peau était accentuée par la lumière argentée de la lune. Ses yeux brillaient d'une intelligence malveillante. Et puis ses dents. Les cris augmentèrent encore en intensité. Alors, comme si elle n'était pas plus légère qu'une plume, il la souleva par le cou et planta ses crocs dans sa gorge. A ses yeux, les couards méritaient autant la mort que leurs bourreaux. Seuls les plus forts étaient dignes de rester en vie. Après tout, il était la Justice. Il fixait ses propres règles.
Une fois rassasié, il laissa tomber le corps sans vie à ses pieds et reprit la route comme si rien ne s'était passé. Maintenant, il savait que non loin de là l'attendais une chaumière vide dans laquelle il pourrait passer la nuit. Personne ne viendrait le déranger.