[Vannes] Chandellerie

En jeune demoiselle qu'elle était, Callishane passa une main dans ses cheveux devant la vitrine d'une des boutiques de la rue commerçante, pour les replacer derrière ses oreilles..
Puis, une fois satisfaite de son apparence, elle y entra..

Ce lieu, c'était la chandellerie et il s'agissait de son lieu de travail..
Elle finit d'ouvrir le battant pour montrer que le magasin ouvrait et commença à ranger le nouveau stock de chandelles..

Plaçant les unes à côtés des autres sur les présentoirs, il était visible qu'il y avait une logique visuelle à un tel rangement, ainsi qu'olfactive.
Elle faisait cela machinalement, sans même s'en rendre compte, répétant inlassablement les gestes que sa tante lui avait appris pendant son apprentissage..

Jetant ensuite un oeil sur le travail accompli depuis le comptoir, elle eut un hochement de tête satisfait..
C'était seulement la deuxième fois qu'elle ré assemblait le tout, elle s'améliorait...
Du moins, elle l'espérait..
Elle n'avait plus l'oeil critique de sa tante, partie en voyage pour "améliorer ses compétences et rapporter des ingrédients" lui avait-elle dit, pour apprécier son travail ou même le déprécier.. et il lui manquait..

Et elle alla s'installer dans l'arrière boutique pour commencer la préparation des bougies qui rejoindraient les autres le lendemain...
Elle eut juste le temps de prévoir quelques mélanges et de préparer les mèches que le carillon de l'entrée sonna, la prévenant de l'entrée d'un client..

[Venant d'une demeure en bordure de la ville]

Après avoir marché dans les rues suivit du mercenaire, Thorn poussa la porte de la boutique. Peu de temps après Callishane parut. Avant qu'elle ait pu prendre la parole, il dit :

"Bonjour Callishane, comment vas-tu ?"

Puis il fit un geste vers Julien :

"Cet homme voudrait te parler."

Dans l'atmosphère feutrée que conféraient les bougies, Callishane était à son aise.
Cette boutique était pratiquement la sienne pour ce qui était de l'aménagement, de la préparation mais encore bien à sa tante pour ce qui était de l'approvisionnement.

Aussi, il était logique et facile de voir qu'elle manquait un peu de jugeote.
Cette innocence lui conférait un statut de quantité négligeable et non pas de menace mais ausi parfois une part de chance qui frisait l'insolence dans certains domaines et faisait certains jaloux, tout comme elle mettait de côté la prudence et la peur..

C'est pourquoi, une fois repassée de l'autre côté du comptoir, elle se jeta littéralement au cou du nouvel entrant dès qu'elle fut à même de voir qui c'était.
Elle n'avait vu quiconque de connu un temps soit peu depuis un moment, aussi prévoyait-elle un bon accueil aux personnes qu'elle avait rencontré au moins une fois et qui restaient dans sa mémoire, un accueil aussi joyeux qu'elle pouvait se le permettre en étant chez elle ou à la chandellerie.

Elle allait poser un bisou sur sa joue, réponse à son bonjour, mais fut retenue par son geste.
Elle tourna donc la tête pour suivre la direction qu'indiquait son bras.

Redescendant lentement au sol, elle regarda des pieds à la tête l'homme qu'il venait de lui indiquer puis ses yeux revinrent se poser sur Thorn.
Il n'était pas dans ses habitudes de faire autre chose que vendre dans la boutique aussi était-elle très surprise mais pas plus craintive que cela.
Voulait-il des indications sur la fabrication des chandelles??..

"Me parler à moi??
Me parler de quoi??"

Devant l'exubérance de sa nouvelle hôtesse Julien ne put s'empêcher de sourire... Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait vu une fille aussi chaleureuse...

Bonjour mademoiselle. Je me présente Julien Gratteterre.

J'ai eu vent du drame qui a touché votre famille il y a peu et je souhaiterais m'entretenir avec vous à ce sujet...

Attrapant au passage le sourire de la personne qu'elle avait regarder de haut en bas, Callishane rendit un peu plus timidement le sourire, juste un peu..

Elle fut plus plus attentive quand il commença à parler..
Elle sourit plus franchement au mademoiselle qui fusa.
Elle avait fini par plus ou moins se douter que si Thorn avait amené quelqu'un dans sa boutique ce n'était pas forcément pour qu'il en soit client, du moins pas pour elle..

Elle débuta quand même à chercher ce qui pourrait lui convenir, en mêlant senteur et aussi visuel, tout en jouant sur ce qu'il lui restait comme ingrédients en réserve mais buta sur le mot 'vent'..
Instinctivement, elle jeta un oeil dehors pour voir s'il y avait un souffle qui menacerait d'éteindre les quelques bougies qu'elle avait allumées puis elle entendit accolé au vent le mot 'drame'..

C'est quoi "un vent du drame"?
Une sorte de bougie? Une personne?, pensa-telle.

Elle réfléchissait à sa vitesse, donc pas forcément rapidement, se contentant d'avoir reporté son regard sur son interlocuteur avec les yeux grands ouverts et la bouche pratiquement dans le même état quand elle eut enfin compris..

Elle avait fait depuis le début preuve d'une grande impolitesse....

"Hmm, bonjour... heu.. Monsieur.."

S'empourprant à demi, elle se reconcentra comme elle put sur ce qu'il venait de dire..

"Un drame?
De quel drame parlez vous donc??"

A nouveau, elle serait, ou même était, la dernière au courant..

A ces paroles, Thorn passa un bras protecteur autour des épaules de Callishane et dit :

"Callishane, soit courageuse mais... ta tante n'a jamais pu partir dans le voyage qu'elle avait prévu... On a retrouvé son corps ce matin sur la route. Exsangue lui aussi... A priori la série de meurtre n'est largement pas finis.

Toutes mes condoléances Callishane."

"Ma tante???
Mais bien sûr que si elle est partie!
Je l'ai vue partir..
Elle doit ramener de quoi m'occuper.."

Elle commençait à trouver cette histoire beaucoup moins drôle..
Surtout qu'on ne lui parlait pas du tout d'un sujet qu'elle connaissait, soit les bougies..

"Je comprends pas...
Pourquoi.. je dois être courageuse??
Et, pis d'abord c'est quoi ex angle, ex angue?, exsangue.. ex... je sais plus quoi..?"

Regardant le bras de Thorn autour de son épaule, elle revint à son visage et pourtant si elle n'avait compris le mot, elle en vint à assimiler la suite, chaque chose en son temps..
"corps".. et "meurtres"..

Quand son esprit tourna encore et encore sur les condoléances qui lui étaient présentées, elle blémit..
Elle sut enfin qu'elle ne reverrait pas sa tante, du moins pas pleine de vie et de vigueur..
Pourtant de la vigueur il en fallait pour trouver des fournisseurs et des produits convenables à la préparation, ce qu'elle était partie faire..
Vigueur que Callishane n'eut pas pendant un moment et elle commença à chanceler..

"Sur.. sur la route??
Où.. où.. ça??
C'est.. cé quoi.. cette.. histoire... de sé.. série??"

Heureusement que Thorn avait le bras autour des épaules de Callishane, ce qui lui permit de la retenir quand celle-ci commença à chuter. Il soupira... Il était toujours dur se discuter avec Callishane... Elle ne comprenait jamais vite...

"Callishane... Ta... Ta tante est morte. Et vraiss... à priori, dit il en prenant soin de bien choisir ses mots, elle aurait été tué par le même assassin que celui qui a tué toutes les autres personnes qui sont mortes bizarrement ces temps-ci. Mais Julien, ajouta-t'il en relevant les yeux vers la personne concerné, est là pour en savoir plus sur cela et trouvé qui l'a fait. Tu pourras l'aider je pense. Mais peut-être voudra-tu aller voir le corps de ta tante ?"

Callishane le regarda un moment, complètement ahurie, quand il eut fini de parler, alors même qu'elle les avait à nouveau dévisagés tous les deux tout au long de son discours..
Elle voulait déjà être sûre qu'ils étaient sérieux et surtout d'avoir tout bien compris..
Si elle chancela à nouveau ce n'était plus sous le choc mais sous un début de colère..

"Tu crois que j'ai demandé où elle était pour quelle raison????
Bien.. bien sûr que je veux la voir!!..
C'est ma tante quand même!!
Ca fait des années que je travailles avec elle!"

Elle resta un moment encore à trembler..
Bouillonnante, elle se dégagea de son étreinte compatissante..
Se sentant pétiller un peu et ses yeux se mettre à la piquer, elle sentit la colère sortir d'elle même et, par là même, constata une baisse de la luminosité plus qu'elle ne la vit..
Elle regarda, sceptique, les bougies, toutes éteintes, et se dit qu'il y avait bien du vent finalement, mis à part celui du drame..
Ou alors qu'elle voyait mal à travers les larmes qui menaçaient de parsemer ses yeux puis ses joues..

Relevant les yeux sur Thorn sur qui elle avait passé sa, toute maigre mais concentrée, colère ou plutôt sa frustration et son incompréhension, elle remarqua qu'il s'était figé, un peu à la manière d'une statue sous son regard et cela fit l'effet d'un calmant sur ses nerfs.. enfin, un peu..

"Je.. je peux?
Hein.. dis, je peux?..", lui demanda-t-elle d'une toute petite voix craintive, attendant qu'il réagisse.

Ni l'un ni l'autre ne lui avait encore dit ce qu'exsangue voulait dire, aussi imagina-t-elle le pire.. Après tout, il avait dit qu'il s'agissait d'un meurtre et il avait maintenant employé le terme 'assassin', ça laissait tout sous entendre..

"Je dois.. ou peux.. aider.. en quoi..??...
Toutes les autres, ça fait beaucoup??..
C'est quoi bizarrement??.."

Comme Thorn ne réagissait toujours pas, elle commença à s'inquiéter..
Il avait eu l'air si prévenant à peine plus tôt..
Elle se replanta devant lui, agitant tout doucement sa main devant ses yeux et reprit son bras pour le remettre autour de ses épaules avec un peu de mal au début mais son contact parut le ranimer, et elle posa un bisou claquant sur sa joue..

"Tu sais plus où elle est?..
Ou j'ai dit quelque chose qu'il fallait pas??.."

Son regard ne cessait de passer de l'un à l'autre de ses interlocuteurs, pour avoir ne serait-ce qu'une réponse..

La jeune fille s'effondra... son merveilleux sourire s'effaça de son visage. Et tandis que la chaleur, qui parcourait ses traits, se transformait en un froid glacial, la boutique semblait se faire plus petite et les bougies moins brillantes...
Le mercenaire se mordit la lèvre devant son manque de tact...

Je suis navré pour votre tante, mademoiselle... mais avec votre aide je suis persuadé que nous trouverons le responsable de tout ceci...

Thorn regarda les deux jeunes gens. Il avait vu la luminosité baisser, alors que les traits de Callishane reflétait une certaine colère... Il ne pouvait s'empêcher de penser que cela avait un rapport. Mais non, non, ce devait être sa paranoïa naturel... Callishane était une jeune femme totalement normal, il n'y avait rien de surnaturel en elle. Elle était juste un peu... simplette. Mais tout de même... La relation était troublante...

Finalement, il se repris et dit du ton le plus calme qu'il pu :

"Bien, et si nous allions voir le corps ?"

Finalement, ils n'avaient répondu à rien du tout, la laissant dans le flou le plus complet mais c'est tout cela qui l'apaisa..
La seule chose qu'elle devait savoir, ils la lui avaient apprise..

Elle grimaça quand même quand il parla d'aller voir le 'corps'..
Elle voyait toujours, et la verrait encore un moment, sa tante comme au moment où elle avait quitté la boutique pour débuter son voyage..
Elle ne pouvait se l'imaginer sans vie, c'était au delà de ses capacités, encore une fois..
L'espoir subsistait et subsisterait toujours en elle..

Elle en vint toutefois à se demander ce qu'elle devait amener.. si jamais elle devait amener quoi que ce soit de particulier..
Soupirant, elle rassembla juste ses affaires et se prépara à fermer la boutique pour un temps..
Elle prit malgré tout sur une étagère une bougie particulière, un mélange des senteurs préférées de sa tante, une bougie qu'elle avait prévu de lui offrir à son retour, ainsi que de quoi l'allumer..

Fourrant le tout dans sa besace, elle alla les rejoindre, eux qui avaient fini par l'attendre dehors et ferma le magasin, restant un peu songeuse..

"Je vous suis..
Où allons nous?"

Thorn sorti de la maison avec Callishane. Il semblait un peu embêté, un peu mal à l'aise... On aurait dit qu'il ne savait pas bien où se mettre. Ce devait être cela d'annoncer à une amie que celle qu'elle considérait comme sa seule parente était morte... Mais cette fille était aussi des plus étranges... On ne savait jamais trop comment l'aborder... Mais il fallait avouer que par certains côtés, ça lui plaisait...

Finalement, il glissa sa main dans la sienne, comme on prend celle d'une enfant, et dit en commençant à l'amener :

"Suit moi."

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