[Vannes]Les bas quartiers

Le mercenaire, adossé à un mur, scrutait ce monde fourmillant dans l'ombre des bâtisses du bas quartier.

Au bout de la rue, il apercevait la porte de Calmvent d'où entrait et sortait badauds et calèches richement décorées. Il passait d'ailleurs un nombre impressionnant de ces fières nobliaux perchés sur leur destrier ou cachés par les rideaux de satin de leurs voitures.

Un tel nombre ne pouvait signifier qu'une chose aux yeux de Julien : la noblesse venait s'amuser et se pavaner devant leurs semblables...

Tss ces idiots dansent et font la fête alors que le pays souffre...

Exacerber il s'enfonça plus aven dans les ruelles de la ville basse. Se frayant un chemin à travers les foules compactes de promeneur, négociant et vermine de tout genre.

Enfin il trouva ce qu'il cherchait. Un gamin lui avait indiqué, quelques heures plus tôt, en échange d'une piécette ;

La taverne du rat flottant. Un bouge infâme où se regroupait ce que la ville comptait de plus malsain.

Il savait que toute ville un tant soit peu prospère attirait canailles et mercenaires véreux près à tout pour de l'argent. Et c'était souvent là-bas que vous pouviez trouver les meilleures informations. Si quelque chose rodait dans cette ville, il trouverait quelqu'un qui lui indiquerait.

Il poussa la porte, une main sur le fourreau de sa lame et marqua une courte pose sur le seuil.

Les conversations se turent, d'innombrables paires d'yeux le fixaient, d'innombrables cerveaux fouillait dans leurs mémoires s'ils avaient déjà croisé ce mercenaire brun au regard pénétrant.

Cependant, après quelques secondes, les conversations reprirent et Julien se dirigea vers le bar et pris place au comptoir. Il héla l'aubergiste, un petit homme gras boitillant portant un tablier couvert de graisse.

"Aubergiste! Apporte moi ce que t'a qui se rapproche le moins possible de la pisse !"

Un étranger en arme arriva dans la taverne d'Arthas... Il le regarda d'un oeil suspicieux mais n'en finit pas moins de nettoyer la chope qu'il tenait à la main. Il le regarda du coin de l'oeil quand l'étranger s'installa au comptoir.

"Aubergiste! Apporte moi ce que t'a qui se rapproche le moins possible de la pisse ! dit ce dernier."


Il le regarda un nouveau du coin de l'oeil, ne disant rien mais pensant très fort : non mais pour qui il se prend se petit con ? Enfin des mecs comme ça, il en voyait passer des dizaines par jour... Ils se foutaient de la gueule de tout le monde... Il remplit la chope de l'homme et le servit sans lui adresser la parole comme il le faisait d'habitude avec ce genre de client. Mieux valait ne pas les vexer... On ne savait jamais de quoi ils étaient capable.

Le mercenaire se retourna vers la salle. Il y avait, ici, les pires raclures de la société, et là, de jeune coq pour qui entrer dans cette taverne était une aventure digne des plus grandes sagas.

Ce n'était aucun de cela que recherchait Julien. Ceux, qui l'intéressaient, étaient beaucoup plus discrets. Pour eux la seule et unique valeur était le nombre de pièce au fond de leurs bourses.
Meurtre, vol, espionnage, ...tout ce qui pouvait rapporter entrait dans leurs champs d'action.
Eux c'était un groupe à la fois homogène et hétéroclite. Ils étaient établis sur toute l'Europe ; de la Cour de France au village maure du sud de l'Espagne.
Cependant, les luttes internes étaient constantes et sans répit, pour eux l'ennemi le plus proche était leurs camarades.

Et il venait de trouver l'un de leur membre.
Tapis au fond de l'auberge, emmitouflé dans une cape de cuir. Comptant et recomptant les pièces étalées devant lui...

Lâchant une poignée de piécette sur le comptoir, le guerrier s'empara de sa chope et se dirigea vers l'individu puis s'assit sur l'unique chaise qui lui faisait face...

Thorn était assis dans le fond de la salle. Son visage balafré faisait part de ses nombreux combats, et ses yeux durs reflétait sa connaissance de la vie. La guerre qui sévissait depuis de trop longues années l'avait rendu brutal. Il avait envie d'être seul, c'est pourquoi il s'était isolé dans la salle. Il n'aimait pas la compagnie, mais il aimait la bière. Et cette taverne en servait une bonne pas trop chère. C'est pourquoi il regarda avec animosité le nouveau venu quand celui-ci s'assit en face de lui.

"Qu'esse vous m'voulez, lui demanda-t'il d'un ton abrupt plein de brutalité."

Le mercenaires ne tiqua pas sur le ton agressif de son interlocuteur. Ils étaient tous comme ça, tendus et méfiants envers qui que se soit.

Julien sortie simplement une petite bourse située sous sa chemise et la plaça sur la table.

Des renseignements, c'est tout ce que je veux...

"Des renseignements, c'est tout ce que je veux, dit son interlocuteur en jetant une bourse sur la table..."

Thorn regarda la bourse d'un air absent, puis d'un mouvement rapide et précis qu'il avait acquis à force d'entraînement militaire, il la récupéra, l'ouvrit avec une dextérité que ne laissait pas présager ses doigts imposant. Il jeta un rapide coup d'oeil à l'intérieur, puis la referma. Elle gagna très rapidement sa ceinture, à côté de ses consoeurs.

Il releva la tête, et regarda Julien droit dans les yeux, d'un regard qui déstabiliserait n'importe quel être normalement constitué. Il se pencha un peu, s'appuyant sur son coude, puis demanda sur le même ton que précédemment :

"Qu'esse vous voulez savoir ?"

Le mercenaire fixa son interlocuteur, sans sourciller, pendant toute la scène.
Sans conteste ils étaient bien celui qu'il cherchait. Force, précision et souplesse, les qualités indispensables pour quelqu'un dans son genre.



Dernièrement ils y a eu une série de meurtre dans la ville. Et cette nouvelle comtesse apparue de nul part.
Dis moi tout ce que tu sais.

Thorn regarda du coin de l'oeil son interlocuteur quelques secondes. Mais qui était cet étrange qui voulait se mêler de leurs affaires ? Enfin, il payait bien... Il le regarda à nouveau, et dis :

"Ch'sais pas grand chose. On a r'trouver les cadavres exsangues. Pas beau à voir, j'vous dis. Z'était pâle comme la mort. Et visiblement, c'qui z'avez vu n'était pas des plus jolie non plus. J'vous dis pas l'rictus qui s'affichait sur leur figure. Pis y'avais d'drôle d'marque sur leur cou. Y en a qui prétendent qu'ça s'rait un vampire. Mais j'y crois pas, moi, à ces conneries. Dois y avoir un fou qui traîne dans les parages, j'vous dis. Mais c'est quand même étrange qu'les gens s'vide de leur sang comme ça, par de si p'tits trou... Y a anguille sous roche, j'vous dis. C'est tout c'que j'sais au niveau d'ces meurtres.

Pour c'qu'est d'la duchesse, j'sais pas grand chose, à part qu'personne ne la connaissait et qu'elle est arrivée après la guerre... Y en a qui disent qu'c'est une sorcière, d'autre qu'ça s'rait un être immortelle qu'à vendu son âme au diable. Qu'des conneries j'vous. C'est qu'une putain et une planquée. Ch'sais commet elle a réussi à choper l'comte, mais elle a bien réussi son coup, c'te salope.

C'est tout c'que vous v'liez savoir ?"

Julien sortie vivement une dague de sa ceinture et la planta avec force dans le boit déjà zébré de la table. La lueur des bougies créait des reflets miroitants sur la lame d'argent.



Il faudrait pas que tu me prennes pour un idiot... Je suis sûr qu'il doit y avoir un de tes "amis" qui serait très heureux si on te retrouvait flottant dans une marre...

J'ai été habitué à de meilleurs renseignements par tes semblables, alors je te conseille de parler, et vite.

Thorn allait prendre sa bière pour en boire une lampée quand l'homme en face sortit ne dague d'on ne sais où et la planta dans la table, à quelques centimètre de sa main :

"Il faudrait pas que tu me prennes pour un idiot, dit-il... Je suis sûr qu'il doit y avoir un de tes "amis" qui serait très heureux si on te retrouvait flottant dans une marre...

J'ai été habitué à de meilleurs renseignements par tes semblables, alors je te conseille de parler, et vite."

Mais il n'eût pas le temps de réellement finir sa phrase. En effet, la première surprise passée, les réflexes de combattant de l'homme se remirent en marche. Dans un même mouvement, il se releva, poussant sa chaise en arrière, s'éloignant de la dague, dégainant son arme. Avant qu'il n'ait finis de la dégainer, il se ravança, mais debout. Sa lame rasa le pommeau de la dague et alla de se loger dans le cou de l'homme. Tout ces mouvements s'étaient passés à une telle vitesse qu'aucun oeil humain n'aurait pu les suivre. Bougeant à peine son épée, il fit reculer l'autre, puis se lever. Sans la bouger, il saisit la dague dans la table :

"C'est une bien jolie arme que vous avez là... Il est rare de voir des hommes se promener avec des armes en argent de nos jours. Les guerriers ne croient guère plu à ces superstitions, surtout ceux ayant eût un minimum d'éducation. Cela n'empêchent que ce sont de belles lames."

Puis il releva la tête et fixa son interlocuteur, toujours sous la menace de l'épée, qu'il avait bougé tout au long de son monologue, afin que l'autre n'est pas l'idée de vouloir s'échapper. Son regard était plus noir que les Enefers, et tous, y comprit les badauds aux alentour attirés par la bataille, qui, pourtant, ne devaient pas pouvoir voir ses yeux, sentirent que toute résistance serait inutile. Fixant l'homme droit dans les yeux, Thorn dit :

"Pour ce qui est des renseignements, j'en ais plus. Mais si vous en voulez, et si vous êtes prêt à y mettre le prix, qui pourrait être plus que de l'argent, vous pouvez toujours aller voir le Rat. C'est lui qui sait tout dans cette ville."

L'interlocuteur du mercenaire s'était révélé plus habile que prévu, mais il avait fait une erreur.
Le mercenaire avait toute la place qu'il lui fallait derrière lui alors que l'autre était acculé au mur...

D'un simple simple mouvement de balancier Julien se lança en arrière soulevant la table, du bout de son pied. La table se souleva sur toute sa circonférence, éloignant la lame, qui quelques instants plus tôt, se situait sous sa gorge.

Se stabilisant, il tira sa lame de son fourreau et fit face à son adversaire.

Effectivement très belle lame, c'est pourquoi j'aimerais la récupérer. Et, par la même occasion, savoir où je pourrais trouver ce "Rat"

Thorn finissait son discours quand son adversaire se renversa soudain en arrière. Il positionna ses pieds sur la table et la renversa; Le mercenaire la pris dans le ventre. Il recula sous le choc, libérant Julien de sa lame. Ce dernier en profita pour dégainer son épée et se mettre en garde. C'était aussi une lame en argent. Se remettant en équilibre, Thorn se rappela de certaines rumeurs qu'il avait entendu récemment... Sans prendre le soin de se mettre en garde, il partit dans un grand rire. Finalement, il dit :

"Et ben, Lame d'Argent, tu n'trahis pas ta réputation. Bon, on va pas s'trahir entre mercenaire, j'pense... Suis moi !"

Sur ce, il rengaina sa lame puis lança la dague de Julien qui se planta avec un bruit sec dans la table, et parti en direction de la porte, lançant quelques pièces sur sa table, écartant la foule quelques mouvements brusques, vérifiant que Julien le suivait bien.

Après avoir arraché la dague d'un coup sec, Julien rengaina ses deux lames.
Puis gardant sa main sur son pommeau il emboîta le chemin de l'individu.

Fendant la foule massée dans la taverne ils sortirent dans la rue.

J'espère que tu ne me joues pas une entour-loupe ou je crains devoir finir ce que nous avions commencé.

[Vers Une maison en bordure de la ville]