Venue d'une Place Pavée.
Il restait peu de monde dans la taverne quand Eryndel en franchit le seuil. Elle repéra aisément le groupe auquel avait parlé le coupe-jarrets qu'elle avait pris en filature peu de temps auparavant.
Sans presque marquer d'hésitation, elle se dirigea vers eux.
"Bonsoir, messieurs. Je n'irai pas par quatre chemins : qu'est-ce que le "temple" où les gens de votre condition se réunissent parfois ?"
Sa question déclencha une vague d'hilarité parmi les ivrognes.
"Qu'est-ce qui vous amuse tant ?
- Les gens de notre condition, dites-vous ? commença le moins éméché du groupe en essuyant une larme joyeuse. Nous n'sommes pas c'que vous pensez, dame. Nous sommes d'honnêtes truands, nous, pas des fous à la solde d'un mercenaire. 'Faut pas croire, parce que vous nous avez vu causer avec l'un d'eux, qu'nous sommes du même milieu.
- Comment savez-vous ... ?
- On vous a vu nous observer, v'savez. Vous n'passez pas inaperçue, même en vous couvrant le visage avec vot'capuchon. Faudrait qu'vous appreniez à êt' plus discrète si vous voulez survivre dans les bas-fonds."
La jeune femme garda le silence. Effectivement, il lui faudrait apprendre à mieux dissimuler et à passer inaperçue. Son interlocuteur reprit :
"Pour en rev'nir à vot'question, dame, non, nous n'pouvons pas vous dire où est l'Temple. Faudra le trouver par vous-même.
- Je vois. Merci quand même. Tenez, prenez cet or.
- Vous êtes trop généreuse, belle dame. Nous boirons à vot'santé !"
Eryndel inclina la tête dans leur direction, puis ressortit. Décidément, cette histoire lui paraissait de plus en plus curieuse. L'espace d'un instant, ces hommes avaient paru effrayés en entendant mentionner le "Temple". Elle décida d'envoyer une missive à un contact qu'elle n'avait plus vu depuis des années, et qu'elle aurait préféré ne pa devoir contacter : l'évêque Michel l'Anglais...
Elle devait donc retourner à l'auberge où elle logeait depuis son arrivée à Paris.
Direction l'auberge du Soleil Bleu.