[Paris] Bibliothèque Royale

3 juin 1455 : en provenance d'une chapelle dédiée à la Vierge

Grâce au sauf-conduit donné par l'Eglise pour remplir sa mission, Eryndel avait accès à tout lieu pouvant l'aider à achever son entreprise avec succès. Dès lors, il lui fut aisé de pénétrer au Louvres, où se trouvait la vaste Bibliothèque créée par Charles V.
On la conduisit dans ce sanctuaire des livres et de la culture, puis on lui laissa le loisir de consultertous les documents qu'elle voulait.

C'est avec un immense respect que la jeune femme embrassa les lieux du regard. Un instant elle oublia ses mésaventures, le moine soldat, l'inquisiteur, les goules, Larmesang...
Elle suivit les rayonnages chargés de volumens et de manuscrits plus précieux les uns que les autres, lentement, de peur de rater ce qu'elle cherchait. Enfin elle trouva l'ouvrage. Elle le prit avec respect, se dirigea vers une table, s'assit et l'ouvrit en prenant soin de ne pas l'abîmer avant de s'y plonger.

Seulement, cet ouvrage ne lui apprit rien de nouveau... Un homme devient vampire quand il est mordu par un autre vampire, et devient une goule s'il n'est pas mordu mais qu'il en boit le sang.
Les suggestions faites pour se débarrasser du vampirisme étaient toujours du même ordre : le feu, l'ail, l'eau bénite,...
Elle referma l'ouvrage avec agacement. Personne n'avait donc jamais songé à n remède moins radical ?
Eryndel repartit dans les rayonnages bourrés de livres et de parchemins. Il lui fallait absolument trouver, au minimum, une description précise des symptômes du vampirisme et de ses conséquences - en dehors de ceux qu'avaient retenus les milieux populaires.

Le temps n'eut bientôt plus d'importance pour la jeune femme. Il ne se mesurait plus en heures, mais en parchemins, en manuscrits, en contes sur les vampires, en mythes et légendes.
Selon les uns, le vampire était une sorte de démon, descendant des Lamies de l'Antiquité. Selons les autres, ils étaient des damnés qui avaient donné leur âme au Diable en échange de l'immortalité. Pour d'autres encore, ils étaient des déviants, des sortes d'hérétiques qui, pour appliquer l'évangile à la lettre, buvaient réellement du sang au cours des messes qu'ils célébraient, et Dieu les aurait puni en les condamnant à ne plus pouvoir se nourrir autrement et à ne plus voir la lumière du jour.

"Quel fatras d'absurdités !"soupira-t-elle tout haut, excédée.

Guillaume marchait nonchalamment à travers les rayons de la bibliothèques. Il aimait bien ce lieu, plein de savoir et autre... D'autant plus que maintenant, il avait l'éternité pour tous les lire... C'était agréable de ne plus se sentir ainsi oppressé par le temps... Un plaisir que les simples humains ne pouvait pas comprendre.

Il les plaignait presque... Ne pas pouvoir ainsi goûté au joie de la puissance que lui offrait la non-vie... Mais tout de même pas trop. C'était en fait des êtres stupides qu'un rien effrayé... Du bétail, oui. C'était le terme utilisé par les anciens, et Guillaume trouvait qu'aucun autre n'allait mieux.

Mais enfin, ce n'était pas le moment de se tracasser avec cela... Il profitait pleinement du calme qui régnait en ces lieux. Rien de plus agréable. Puis soudain, de calme fuit rompu par une voix, à deux pas de lui :

"Quel fatras d'absurdités !"

Se retournant, il découvrit une jolie jeune femme, penchée au-dessus d'épais volume. Ce devait faire plusieurs heures qu'elle était là. Intrigué, il s'approcha et, se penchant par dessus son épaule, dit d'une voix chaude :

"Qu'est-ce qui sont des absurdité, demoiselle ?"

Eryndel sursauta en entendant cette voix quasi hypnotique, et se retourna pour croiser leregard d'un homme appartenant visiblement à la noblesse.
"Excusez-moi, murmura-t-elle, je croyais qu'il n'y avait personne."

Elle hésita. Devait-elle répondre à sa question ou l'éluder ? En cette époque étrange où chaque inconnu pouvait être un vampire, une goule ou un lycanthrope, était-il bon de parler des buveurs de sang à tort et à travers ? Oh, et puis après tout, pourquoi ne pas opter pour la franchise ? L'homme dégageait après tout une certaine aura qui mettait en confiance, bien qu'il provoquât chez la prêtresse un léger malaise dont elle n'arrivait pas à déterminer la cause.

"A la vérité, expliqua-t-elle, je cherche des informations sur le vampirisme, et la totalité de ses symptômes ; mais il sembleraient qu'on ait davantage écrit davantage de délires superstitieux que d'études sérieuses sur le sujet."

Elle soupira, découragée.

Guillaume fut étonné par la franchise de la jeune femme... Ce n'était pas n'importe qui qui pouvait ainsi affirmé de but en blanc que l'on faisait des recherches sur les vampires... Elle devait être assez folle.

Cependant, cela le fit réfléchir... S'il y avait des gens qui faisait de telle recherche, cela pouvait mettre en péril la communauté... Mais il fallait qu'il ait là une attitude normal... Il ne fallait pas que l'humaine puisse avoir des doutes su ce qu'il était, vu qu'elle en savait déjà peut-être trop sur leur communauté. Il en parlerais dès que possible, et le bruit circulerais vite... Dans peu de temps, le danger devrait-être éliminé...

Il eût finalement l'attitude qui lui semblait la plus logique : il partit dans un grand rire et dit finalement :

"Allons, mademoiselle, ne me dites pas que vous croyez encore à ces sottises moyen-âgeuses ?"

Eryndel songea que l'homme en face d'elle était visiblement peu au fait de l'existence des vampires... Comme la plupart des nobles, il devait être à mille lieues de se rendre compte que cela fût réellement possible. Cela la mit en confiance. Elle pourrait soulager ce qui lui pesait sans courir le danger d'être prise au sérieux :

"Il ne faut pas tout croire concernant les vampires, pour sûr, rétorqua-t-elle. Et pourtant, ils existent bel et bien. Par deux fois déj..."

Elle s'intrrompit. Non, cela, elle ne devait pas le dire. L'homme pourrait prendre peur ssi jamais il choisissait finalement de la croire : il pourrait craindre qu'ayant rencontré des buveurs de sang, elle ait été contaminée...
Contaminée ? Le sang des vampires était contaminé... c'est pour cela qu'il avait besoin d'être renouvelé !
"J'ai trouvé !" s'exclama-t-elle violemment, oubliant complètement son interlocuteur. Il fallait trouver le moyen d'éradiquer la maladie qui détruisait le sang, et alors le vampirisme pourrait être guéri autrement que par la mort...
Elle referma le livre qu'elle consultait peu avant et se leva brusquement, se retrouvant à nouveau face à l'homme. Aussitôt, ce qu'elle lui avait dévoilé lui revint en mémoire.
"Oubliez ce que j'ai dit, lança-t-elle gaiement. De toute façon, vous ne croyez pas en l'existence des vampires. Et même si vous en étiez conscient, vous n'auriez pas besoin de vous en inquiétez. Les buveurs de sang ne seront bientôt plus un problème pour personne !"

Elle sortit. Mais Larmesang put l'entendre marmonner, derrière la porte close : "J'y suis presque ! bientôt j'aurai trouvé un remède contre le vampirisme..."

Il ne restait plus à Eryndel qu'à essayer de joindre Zilmar au Temple avant de rentrer.

Direction : Le Temple

4 juin 1455 : en provenance de l'Auberge du Soleil Bleu

La bibliothèque était déserte,à cette heure matinale.

Plongée dans les ouvrages qu'elle avait repérés la dernière fois concernant son art, la jeune guérisseuse oubliait ses tourments et la discussion virulente de la veille. Elle en vint même à se dire, en voyant une planche représentant un plant de Grande Camomille, que celle-ci complèterait efficacement l'Aloe Vera et accélérerait la cicatrisation du visage blessé de l'Inquisiteur, empêchant ainsi qu'elle ne se rouvrent trop souvent.
Puis elle se rappela que frère Armand voulait la faire enfermer, et rejeta l'idée. Même si elle essayait de le lui proposer, il ne l'écouterait pas, de toute façon. Il était persuadé qu'elle était en train de vendre son âme au diable.
Le poids de l'inquiétude et du désemparement s'abattirent de nouveau sur Eryndel. Elle se prit la tête entre les mains. Peut-être était-ce lui qui avait raison ? Peut-être que son plan lui avait été soufflé par le diable, non par les saints ?
Larmesang... il allait peut-être arriver dans cette bibliothèque sous peu. Si l'Inquisiteur avait raison, et non elle, mieux valait qu'elle parte avant qu'il ne la voie ici.
Elle ferma l'ouvrage qu'elle avait commencé, le prit, hésita, le reposa sur le lutrin. Risquait-elle vraiment quoi que ce fût, ici ?
Un groupe de trois ou quatre nobles entra à ce moment-là. Comme elle tournait la tête vers eux, son sang se glaça dans ses veines et il lui fallut toute sa volonté pour masquer son effroi : l'assassin de sa famille était parmi eux.
Un instant, elle songea à sortir aussitôt. Puis elle songea que le vampire trouverait cela suspect, ou, s'il l'avait reconnue, qu'il chercherait à la suivre pour se débarrasser d'elle. Elle se trouvait réellement dans une situation embarrassante. Elle se contenta de faire la révérence pour saluer les nobles avec respect, yeux baissés, comme il se doit quand on est d'une condition inférieure. Puis elle reprit son livre et se remit à lire comme si de rien n'était, mais si ses yeux parcouraient les pages, son cerveau n'enregistrait plus rien, occupé par d'autres sujets d'attention.

Guillaume venait, comme à son habitude, se promener dans la bibliothèque le matin. Il aimait bien ce lieux, toujours calme ,même quand il était bondé. Ca lui changeait des autre lieu du château, où les nobles ne faisaient que jacasser à longueur de temps... C'était agréable un temps, puis ça devenait vite ennuyeux...

Il se promenait donc en compagnie de quelques une de ses goules dans les couloirs de la bibliothèques quand ils tombèrent sur une jeune dame... Guillaume ne fut pas tout de suite intrigué, mais quand la jeune femme se tourna vers lui, il reconnût aussitôt la femme de la veille... Son cerveau se mit en marche immédiatement : que faisait-elle ici ? Pourquoi était-elle revenue ? Saurait quelque chose à son propos ? Non, ce n'était pas possible, mais tout de même...

Il fit tout de même semblant de ne pas la reconnaître, et continua sa route... Mais son cerveau restait toujours bloqué dans ses réflexions... Il ne fallait pas prendre de risque... Il se chargerait de l'éliminer dans la journée.

Les nobles s'éloignaient dans les rayons et les battements du coeur de la guérisseuse se calmaient. Petit à petit, elle put se concentrer à nouveau sur ce qu'elle lisait, et, trouvant quelques éléments intéressants, elle s'approcha d'une table, y prit du parchemin, se saisit de la plume et commença à prendre des notes. Elle avait toujours rêvé de consulter des ouvrages aussi complets quant à la guérison. Celui qui l'intéressait tant sur le moment était une traduction d'un recueil venu d'Orient - un manuscrit ancien, qui parlait de la lèpre, des maladies de peau en général, et de la manière de les soigner. Un passage l'attira tout particulièrement, concernant les plaies suppurantes qui ne cicatrisaient pas correctement... Elle le recopia intégralement, radieuse. Voilà qui réglerait les ennuis de l'Inquiditeur avec son visage.

Elle se releva pour aller ranger l'ouvrage et comme elle s'approchait du rayonnage où elle l'avait pris, elle croisa le regard de Larmesang. Elle rougit, embarrassée et gênée de se sentir observée. Même s'il ne l'avait regardé qu'une seule seconde, presque distraitement, sans même que son entourage le remarquât, elle avait eu l'impression qu'il était chargé de soupçon.
A présent, que faire ? Elle hésitait, partagée entre sa peur du vampire et son désir de poursuivre son exploration des manuscrits de la Bibliothèque Royale.

4 juin 1455

Finalement, ne trouvant plus grand-chose d'intéressant dans les ouvrages qui l'intéressaient, elle décida de retourner à l'Auberge avant que Larmesang ne quittât la Bibliothèque.
SI jamais il avait fini par la reconnaître, ce qu'elle craignait à cause des regards lancés vers elle brièvement, mieux valait partir avant lui, afin éviter qu'il ne pût préparer une embuscade pour se débarrasser d'elle. Elle avait beau manier habilement son bâton, elle ne ferait pas le poids face à lui.

Elle rangea donc tranquillement le parchemin qu'elle venait d'étudier, en sooupirant, et se dirigea finalement vers la porte.

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