[Paris], une place pavée

30 mai 1455 - Venue d'une taverne sordide
L'une suivant l'autre, ils parvinrent à une petite place pavée complètement déserte, cernée de maisons trapues aux volets hermétiquement fermés. Eussent-elles été inhabitées qu'Eryndel aurait ressenti la même impression : les lieux lui paraissaient anormalement silencieux.Enfin l'homme se leva et se dirigea vers la porte d'un pas mal assuré. Sans perdre de temps, Eryndel posa quelques piécettes sur la table en paiement de la bière avant de le suivre. Cependant, comme elle traversait la salle pour atteindre la porte, elle sentit un regard insistant la suivre. Elle tourna la tête et aperçut un visage qui lui était familier, sans qu'elle pût le rattacher à un nom,toutefois. Mal à l'aise, elle rompit le contact visuel et sortit.

Elle comprit soudain pourquoi. Le martèlement des pieds de l'homme qu'elle filait ne résonnait plus sur les pavés. Dans l'obscurité, une voix s'éleva, rauque, froide, agressive :
"Qu'est ce que tu m'veux ? Tu crois qu'j'avais pas r'marqué ton manège à la taverne ?"
Le coeur de la jeune guérisseuse se mit à cogner contre sa cage thoracique comme s'il tentait d'en sortir.
"Je veux savoir où se trouve le repaire de ton chef", répondit-elle en s'efforçant d'adopter un ton ferme. Difficile, quand on est submergée par la peur...
"Ha ! Et qu'est-ce qui t'fait croire qu'tu en as l'droit ? Qu'est-ce que tu lui veux, au chef ?"
Eryndel hésita. Ce qu'elle avait à dire était confidentiel. Elle ne pouvait quand même pas en parler avec le premier maraud venu... Devant son silence, l'autre devint encore plus hostile.
"Tu sais c'que j'crois ? J'crois que tu veux sa peau. Allez, les gars finissez-en avec cette folle !"

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle se trouva environnée de bandits ricanants et bardés de fer. Elle poussa un profond soupir. Elle détestait devoir se battre.
Que Dieu ait pitié de vos âmes, pensa-t-elle en affermissant sa prise sur son bâton et en se mettant en garde.

Elle adressa une prière silencieuse à Dieu afin qu'Il la protège de ces marauds.
L'un d'eux fondit sur elle, épée au poing, suivi de près par un individu bestial qui brandissait un gourdin. Elle esquiva aisément la charge du premier, qui, entraîné par son élan, glissa sur le pavé souillé et s'étala de tout son long dans la boue. Le second, une vraie brute, frappait avec force, mais s'avéra être trop lent face à la frêle prêtresse sans cesse en mouvement. Cependant son but n'était pas de jouer avec son adversaire, mais de le mettre hors d'état de combattre. Elle s'immobilisa soudain. Pensant qu'elle était fatiguée, le mastodonte étira les lèvres en un sourire triomphant, et frappa.
Le gourdin rencontra la bâton d'Eryndel. Se servant de l'arme de son ennemi comme d'un point d'appui, elle se retrouva dans le dos de celui-ci et lui asséna un coup de bâton dans les reins. Il poussa un cri de douleur et, lâchant son arme, porta instinctivement les mains au bas de son dos. Ellefit une roulade pour passer entre les jambes du colosse interloqué. Les deux coups qui lui furent administrés violemment dans le ventre, puis dans la nuque eurent raison de lui.
Les autres coupe-jarrets, décontenancés par la défaite deleur champion, hésitèrent. Mais quelqu'un cria : "Hé, c'est qu'une femme ! A nous tous, on peut la battre,pas vrai ?"
Galvanisés, les bandits se ruèrent sur la jeune fille en se bousculant...

Ce fut un massacre... Eryndel regarda tristement les corps qui jonchaient le pavé et adressa une prière à Dieu pour le repos de leurs âmes, puis tourna le dos aux cadavres et traversa laplace dans l'autre sens. Elle s'arrêta, se retourna
une dernière fois. Au cours de l'affrontement, son capuchon était tombé, et ses longs cheveux de jais, agités par le vent, masquaient par moment son visage fin au teint d'ivoire. Sur ses joues pâlies par la fatigue et le remords, une larme solitaire coulait. Je n'aurais pas dû les tuer. Pardonnez-moi, mon Dieu, pardonnez-moi...
Elle décida de se rendre à l'église la plus proche pour se confesser.

direction : une chapelle dédiée à la Vierge

Venue d'une chapelle dédiée à la vierge

En revoyant les lieux du carnage, la prêtresse ne put s'empêcher de frissonner. Elle rabattit son capuchon sur son visage et resserra son manteau autour d'elle, avant d'avancer au milieu des corps contusionnés, en quête d'un indice qui pourrait la mener à cet homme qu'elle cherchait.

Elle finit par trouver ce qu'elle cherchait... En fouillant les cadavres (quelle horreur ! Elle espérait bien ne plus jamais devoir faire ça !) elle découvrit qu'elle pourrait contacter l'homme qu'elle cherchait en un prétendu "Temple" qu'elle se faisait fort de découvrir au plus tôt.
Le meilleur endroit pour trouver de indices sur ce lieu était probablement la taverne qu'elle avait quitté peu auparavant...

Direction : Une taverne sordide

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