[Paris] La place des Deux Ecus.

»3 juin 1455, sur la place des Deux Ecus, en provenance d'une chapelle dédiée à la Vierge.

C'est à bout de souffle qu'il arriva sur les lieux, son bras le faisait souffrir, il releva sa manche et heureusement pour lui la plaie ne s'était pas réouverte à en croire l'absence de sang sur le pansement. Une petite foule s'était rassemblée autour d'une estrade sur laquelle avait était échafaudé un bûcher. L'hérétique n'y était pas encore attaché, mais un homme en tenu noire, un inquisiteur était en train d'expliquer à la foule les condamnations dont faisait l'objet le condamné.

Armand s'approcha et frémit de dégoût à chaque contact physique. La plupart était des paysans ou de petits commerçants crasseux qui avait le don de répugné l'inquisiteur. Il finit par arriver au premier rang au prix de bien des grognements. Le chasseur de démon ne reconnut pas son frère de foi et de profession, ce qui l'intrigua d'autant plus :

« Aujourd'hui, sera condamné à mort Pierre Deroux au bûcher. Il a été accusé de pratiquer des rites payens et d'organiser des réunions à caractère hérétiques dans sa demeure. A cela s'ajoute une entrave au jugement inquisitoriale ainsi qu'une série de propos blasphématoires en présence de témoins. Ayant reconnu les faits, je lui offre une chance de racheter son âme en la purifiant par les flammes du bûcher ! »

Le condamné fut amené sur l'estrade, il avait était torturé, il n'y avait donc rien d'étonnant à ce qu'il ait reconnu les faits même si cela était faux. Armand avait déjà eu recoure à ce genre de méthode, mais en suivant strictement les recommandations du manuel de l'inquisiteur Eymerich : ne pas répéter deux fois la même question pour ne pas influencer la réponse, ne jamais faire couler le sang, préférer des questions directes, claires et précises, agir en présence de deux prêtres, etc.

Or là, il était manifeste que les règles n'avaient pas été respecté. Le visage du soit disant hérétique été horriblement boursouflé par des coup porté à l'aide d'un objet contondant et les doigts de l'une de ses mains avaient été brisés. La rage bouillonnait dans les entrailles d'Armand, voir ce genre de spectacle était catastrophique pour la réputation de l'inquisition. Les juges de l'Eglise était par la suite perçu comme des bourreaux sanguinaires qu'il fallait craindre au moins autant que n'importe quel roi tyrannique.

C'est quand il vit la torche prête à embrase le bûcher qu'Armand ne put se retenir d'intervenir. Il monta sur l'estrade et se mit à hurler :

« Que fais-tu frère inquisiteur ?! Si cet homme a reconnu les faits tu n'es pas en droit de le condamner au bûcher ! »

La foule se mit alors à hurler après Armand et lui jeter des cailloux, il comprit que cette scène n'avait qu'un seul but, celui de rassurer la population, de montrer que l'on agissait, qu'on les protégeait du mal. Armand eut même des doutes et alors que son confrère faisait signe aux autorités séculaires d'intervenir, il arracha la tunique du dominicain et ce qu'il supposa se confirma. Sous ses vêtements de chasseur de démons, il y avait des guenilles, cet homme n'était pas un inquisiteur. Deux miliciens sautèrent sur Armand le plaquant au sol, tandis que l'imposteur embrasait le lit de bois avant de partir se réfugier précipitamment. Et c'est sous les yeux impuissant d'Armand que le pauvre homme brûla vif sur le bûcher pour le plus grand soulagement d'une foule enragée.

Au fond tout cela ne sert-il pas le Malin ?

Armand fut emmené à la caserne de Paris, pour y être emprisonné en attendant d'être jugé à son tour. L'opposition à un jugement inquisitoriale était une faute grave, mais ça ne l'inquiété pas il avait le bras suffisamment long pour se sortir de ce genre de situation.

Direction, une caserne de Paris.