[Paris]L'auberge du Soleil Bleu.

Venue d'une taverne sordide

L'auberge du Soleil bleu était un lieu accueillant, convivial. Dans la salle commune vivement éclairée par une immense cheminée et par des fenêtres qui, au lieu d'êtres tendues de parchemin, étaient consstituées de carreaux de verres témoigant de l'opulence du tenancier, les honnêtes voyageurs et les marchands de passage échangeaient paisiblement le récit de leurs pérégrinations où les derniers potins en date.
Saluant au passage l'aubergiste, qui apportait à des hôtes affamés un rôti appétissant, Eryndel se dirigea tout droit vers l'escalier et monta dans sa chambre. C'était une pièce de taille modeste, mais très propre, dont elle payait le loyer en soignant les clients de l'aubergiste qui arrivaient malades.
La jeune femme s'assit à la table qui faisait office de bureau, sortit du parchemin de son sac de voyage. Saisissant la plume d'oie qui était posée sur le bureau, elle en trempa la pointe dans l'encrier, avant d'écrire sa missive d'une calligraphie fluide et régulière. Elle la plia, tira de sa bourse un anneau qui portait le sceau de son ordre. Elle pencha la bougie qui l'éclairait au-dessus du parchemin pour y faire couler un peu de cire, puis y appuya fermement la bague aux armoiries peu banales.
Enfin, elle redescendit, et s'approcha de l'aubergiste, qui avait rejoint le comptoir.
"Bonsoir, ma soeur. Vous tombez bien, mon fils est tombé malade ! Du coup, je suis obligé de servir les clients à sa place.
- J'irai le voir, mais auparavant, puis-je vous demander de faire envoyer ceci au plus vite ? demanda-t-elle en lui tendant le message qu'elle venait de rédiger.
- Oui-da, ce s'ra fait. Je ne peux rien refuser à une guérisseuse de votre talent.
- Je vous remercie. Je vais voir votre fils.
- Traversez la cuisine, sa chambre est à côté de l'office !"

Eryndel acquiesça, et se dirigea en soupirant vers les cuisines. Décidément, elle ne pourrait pas s'accorder une minute de repos, ce soir.

Eryndel était épuisée. Elle avait fait ce qu'elle avait pu pour le malade, mais son état était grave. Il lui faudrait des semaines pour guérir, même avec le traitement qu'elle lui avait prescrit.
Tandis qu'elle se dirigeait vers la sortie de l'auberge, pour respirer l'air frais, elle fut rejointe par un voyageur en apparence anodin.
"C'est vous qui cherchez l'Temple ?"
Elle le considéra avec méfiance, mais rien dans son attitude ni dans son regard ne manifestait d'hostilité.
"C'est moi. Pourquoi ?
- Un endroit curieux, leTemple, pour une femme comme vous, soeur guérisseuse. Z'êtes sûre de vouloir aller là-bas ?
- J'ai quelque chose à y régler. Et j'aimerais autant ne pas en parler.
- C'est vous qui voyez, mais à vot'place, je n'ferais pas cela. Enfin bon, c'est vot'peau que vous risquez, pas la mienne.
J'vous ai entendu, à la taverne, et je vous ai suivie. D'ailleurs vous devriez être plus méfiante, et faire plus attention à ça. Les rues d'Paris ne sont pas sûres après la tombée dl'a nuit. Enfin bref... Si vous voulez, j'peux vous y m'ner, mais comptez pas sur moi pour entrer avec vous, par contre."

Eryndel fixa l'homme de son regard de jade tout en réfléchissant. Elle avait enfin une opportunité de se rendre là-bas, et de rencontrer l'étrange mercenaire qu'elle cherchait... Pourquoi pas ? Mais auparavant, elle laisserait un mot à l'aubergiste, au cas où l'envoyé du prélat à qui elle avait fait appel arriverait plus tôt que prévu... Et surtout, au cas où il lui arriverait quelque chose dans le coupe-gorges où elle allait se risquer pour sa vengeance.
"Soit. Attendez-moi devant l'auberge, je vous rejoins."

Direction : Une rue des Bas-Fonds

3 Juin 1455 : Venue d'une chapelle dédiée à la Vierge

Eryndel avait erré sans but jusqu'à ce qu'elle parvienne à l'Auberge du Soleil Bleu. Reconnaissant l'enseigne, elle entra, espérant que l'Aubergiste accepterait de l'accueillir à nouveau en échange de bons soins prodigués aux hôtes et voyageurs malades.
Elle fut reçue avec un grand sourire.
"Ah, ma soeur, quelle joie et quel honneur d'vous r'voir ici ! Pis vot'ancienne chambre est justement libre."

Elle sourit tristement et le remercia, avant de monter directement. Quand elle repensait à tout ce qui s'était passé... elle avait le sentiment d'étouffer. Son premier geste fut donc d'ouvrir la fenêtre. C'est là qu'elle s'aperçut qu'elle avait laissé son matériel à la chapelle. Elle se maudit d'abord, puis décida de s'en remettre à Dieu. Pour l'heure, elle était trop épuisée par la dispute avec l'Inquisiteur et par les craintes qui l'agitaient. Elle se jeta sur le lit et s'enfonça dans un sommeil truffé de cauchemars.

4 juin 1455

Au réveil, Eryndel se sentit curieusement affaiblie par sa nuit troublée de rêves désagréables. Elle ne parvenait pas à s'en rappeler, mais il lui en restait un arrière-goût amer de larmes et de découragement.

Le soleil matinal eut tôt fait de lui rendre des forces et de dissiper le désespoir. Quand l'astre du jour se montrait et dissipait les nuages, il chassait les doutes de la guérisseuse et lui rendait confiance en son but. Elle décida de ne pas revenir immédiatement à la chapelle, cependant. Elle n'avait aucune envie de se retrouver face à l'Inquisiteur fou furieux.
En outre, elle voulait auparavant, sans en rien dire à personne cette fois, revenir à la bibliothèque, au cas où Larmesang s'y trouverait, afin de le jauger et, éventuellement, de trouver ainsi ses points faibles... car nul doute qu'avec le temps, il devait avoir changé mentalement et grandi en force. Connaître son ennemi l'aiderait à le vaincre, comme il avait étudié les habitudes de sa famille en venant poser pour son portrait avant de se repaître du sang de tous - ou presque.
Et si jamais il ne s'y trouvait pas cette fois-ci, hé bien... elle consulterait certains ouvrages rares qu'elle avait remarqué la dernière fois, concernant les vertus des plantes et l'art de la guérison.

Direction : [Paris], Bibliothèque Royale

4 juin 1455 - De retour de la Bibliothèque Royale

Tandis que la prêtresse avançait dans les rues de Paris, des cris l'intriguèrent, puis elle vit que quelques badauds pointaient le doigt vers les toits situés en arrière-plan. Elle tourna son regard de ce côté, et frémit en voyant une colonne de fumée s'élever haut dans le ciel, jusqu'à occulter bientôt le soleil.
L'auberge... pensa-t-elle aussitôt L'auberge est par là !

Il n'y avait pas de temps à perdre. Elle se mit à courir, pressée d'arriver, tout en priant que le feu ne se propage pas trop vite. Elle eut l'impression de mettre une éternité à atteindre l'auberge. Quand enfin elle y parvint, elle ressentit un choc en voyant que c'était bien elle qui avait pris feu. Parmi l afoule désolée qui contemplait le désastre et parmi les hommes qui cherchaient à éteindre le feu, elle reconnut certains des voyageurs qu'elle avait vu dans la salle commune la veille. S'approchant de l'un d'eux, qui semblait être un marchand, elle demanda :
"Tout le monde a-t-il pu sortir ?
- Ma soeur, je ne puis vous le dire. Beaucoup sont sorti, c'est sûr. Mais on n'a pas vu l'aubergiste ni sa femme."
Un cri terrible retentit soudain, et quelqu'un parut à la fenêtre du deuxième étage. Eryndel reconnut le visage de l'hôtesse, mais il était rendu méconnaissable par une grimace de haine et d'horreur.
"Sois maudit ! hurla-t-elle. Comment as-tu pu faire cela ! comment as-tu pu brûler notre commerce !
- Mahaut...
- Tu voulais te débarrasser de moi ! je le sais... Dis-le ! Avoue-le ! Tu voulais te débarrasser de ton épouse, devenue inhumaine à tes yeux !"
Elle disparut à nouveau aux yeux des spectateurs angoissés. La plupart y voyaient une scène de ménage, incongrue, certes, mais réelle. Eryndel, en revanche, y voyait autre chose. "Inhumaine" ? L'épouse de l'aubergiste s'était qualifiée ainsi. Pourquoi vouloir se débarrasser d'elle par le feu ? Serait-elle devenue... goule ?

Des bruits de lutte, des cris encore. Les deux propriétaires de l'auberge parurent à nouveau, la femme reculant, l'homme avançant sur elle, l'air déterminé p=malgré la tristesse qui paraissait dans ses yeux.
"C'est pour le repos de ton âme, Mahaut. Je ne veuxa que tu ailles en Enfer.
- Me suis-je jamais comportée d'une façon indigne d'une bonne chrétienne ? Ai-je jamais péché, t'ai-je jamais déçu ? Tu as découvert aujourd'hui ma vraie nature, mais cela fait trois que je suis ainsi. Et pourtant, en trois ans, t'ai-je jamais donné motif de te plaindre ?"
Un sanglot la força à se taire. L'aubergiste l'enlaça, et dit avec douceur quelque chose que nul ne put entendre. Son épouse parut se calmer, sourit, lui rendit son étreinte. Puis, brusquement, elle se tourna face à la fenêtre, et son regard tomba directement sur Eryndel. Elle lança :
"Soeur guérisseuse, ne restez pas ici. C'est dangereux pour vous... Fuyez ! abandonnez votre quête, et partez ! Car si vous échouez, il vaudrait mieux que vous mourriez, vous et vos amis, plutôt que..."
Un craquement atroce, un bruit de chute, un cri d'agonie... Une poutre enflammée, se détachant du plafond, avait mis fin à l'existence des deux époux.

Pétrifiée, Eryndel bougea point, ne fit pas un mouvement. Elle venait d'apprendre que l'hôtesse du Soleil Bleu était une goule - mais malgré tout bonne chrétienne?
Jamais elle ne pourrait raconter cela à Armand, il ne la croirait pas... Quant à abandonner, comme la défunte le lui avait dit, ellene s'y résoudrait jamais.Elle avait fait serment devant Dieu d'accomplir cette mission, elle refusait de se parjurer, quel que fût le danger encouru.

« Comme c'est tragique, annonça Zilmar d'un air détaché. »

Zilmar et Bérenger avaient suivi la prêtresse depuis qu'elle était sorti de la bibliothèque, et étaient arrivés juste avant la mort des deux époux.
Bérenger regardait la scène sans comprendre, et Zilmar en examinant les personnes affairées qui tentaient d'éteindre le feu.

Zilmar détacha son regard pour fixer Eryndel.

« Excusez moi pour mon manque de compassion, mais j'ai vu et vécu trop de malheurs dans ma vie pour que cela m'affecte encore. »

Zilmar et Bérenger n'était pas les seuls à suivre la prêtresse... Un homme se cachait dans une ruelle avoisinante. Une grande cape caché complètement sa silhouette. Dessous, une main tenait un craie et son poignet était en sang, tandis que l'autre main tenait un couteau ensanglanté. Quelques mètres plus loin, un cercle parfait était tracé au sol. Un octogone était dessiné à l'intérieur et diverses runes l'encadrait.

L'homme sentit une présence se dresser derrière lui. Il savait que s'il se retournait, il ne verrait rien. C'était un être que l'on pouvait juste sentir, si l'on avait la sensibilité pour. Et il l'avait, comme ceux qui l'avaient formé et tout les autres qui pratiquaient le même art que lui. Cette créature se sentait comme un souffle chaud sur sa nuque, un souffle qui évoquait la mort lente dans la chaleur des Enfer, et une éternité de souffrance pendant que l'on sentait son corps se liquéfier peu à peu. Mais il était habitué à cela. Il avait côtoyé de tels être la majorité de sa vie. A force, on se fait à tout...

"Tu as mal fait ton travail, Lucifer. Comme d'habitude...

-J'ai fais ce que tu m'as demandé, répondit une voie désincarné comme si elle insulfait les mots directement dans son esprit. Cette auberge devait disparaitre, elle n'es plus.

-Sauf qu'il fallait que la prêtresse soit à l'intérieur... Sinon, tout cela est inutile.

-Tu oublie les notes...

-Oui, c'est vrai... Mais le maître aurait préféré que la femme disparaisse en même temps que ses notes... ca lui aurait évité de prendre encore des risques...

-Tu m'as dit de faire disparaitre rapidement tout cela, c'est ce que j'ai fait. j en'ai fait qu'obéir aux ordres...

-Oui oui, comme toujours, à ta manière... Bon, vas-t'en maintenant, je n'ai plus besoin de toi.

-A bientôt, je n'en doute point, dit l'entité en s'estompant.

-Bon vent, répondit l'homme alors qu'il finissait de disparaitre."

Puis il se retourna dans la ruelle, se demandant ce qu'il allait dire à Lamedesang.

Vers Le Louvre

Zilmar détacha son regard pour fixer Eryndel.

« Excusez moi pour mon manque de compassion, mais j'ai vu et vécu trop de malheurs dans ma vie pour que cela m'affecte encore.
- Je peux le comprendre, répondit Eryndel tristement. Mais je suis incapable de rester de marbre comme vous le faites. Cet homme et cette g... femme étaient pour moi ce qui se rapprochait le plus d'amis véritables... »

Elle n'acheva pas, terrassée par le poids des évènements. Des amis ? oui, presque... ils avaient fait preuve de bienveillance envers elle, l'avaient hébergé sans demander d'autre paiement que l'exercice de son art, ne l'avaient jamais jugée, toujours aidée... Contrairement à l'Inquisiteur, sans cesse en train de la soupçonner de tout. Quant au moine soldat, il était si distant avec tout le monde, si mutique, si effacé qu'elle ne pouvait s'en faire une idée.

"Zilmar, je me sens perdue, avoua-t-elle. La... l'épouse de l'aubergiste m'a crié d'abandonner, as-tu entendu ? Elle veut que je mette ma vie à l'abri du danger... Mais je ne peux pas. C'est impossible."

Elle serra les poings, les yeux brillants de larmes.
" Cette querelle n'est pas naturelle, pas plus que l'incendie déclenché soi-disant par l'aubergiste. J'en jurerais, Zilmar. Larmesang serait derrière tout ça que je ne m'en étonnerais pas. Dieu m'a permis aujourd'hui de voir que les goules peuvent avoir une âme pure, tout comme vous êtes la preuve vivante que tout les vampires ne sont pas malfaisants. Ce sont des démons tels que Larmesang - Eryndel cracha presque ce nom - que les vôtres, au lieu d'être vus tels qu'ils sont, sont pourchassés et tués... Mais je changerai cela, je le jure. A partir de maintenant, je mettrai tout en oeuvre - oui, tout ! pour remplir ma mission sacrée. Je mettrai tout en oeuvre pour guérir les vampires et pour ainsi apprendre le monde à vous prendre en pitié et à vous aider au lieu de vous haïr. Jusque-là, j'ai préféré ne pas recourir aux miracles, car je ne souhaite pas en abuser. A partir de maintenant, je fais le serment devant Dieu de m'en servir pour cette juste quête !"

Zilmar approuva de la tête.

« Ce qui s'est passé ce soir est sans doute tragique pour vous, mais cela aurait pu être pire : vous auriez pu être morte. A mon avis, l'incendie était volontaire et vous visait. Il vaut mieux prendre les mesures qui s'imposent. »

Il se tourna vers Bérenger.

« Va voir le père Thomas, préviens le que lui et sa chapelle sont en danger, et qu'il devrait fuir, chez un ami ou n'importe où. Et dis à l'inquisiteur et au moine soldat de se tenir sur leur garde. »

Bérenger s'en alla d'un pas rapide.

« Il vaut mieux prévenir que guérir, et je pense que si Larmesang savait pour l'auberge, il sait ou saura pour la chapelle. »

Il prit le bras d'Eryndel, et l'entraina dans les rues de laa capitale.

« Désormais, Larmesang sait, et il doit être sur ses gardes. Mais je pense que nous en savons déjà assez sur lui et sur son entourage pour pouvoir mettre en place une stratégie. »

Il regarda Eryndel dans les yeux.

« La meilleure défense est l'attaque, je pense que vous le savez. Ce que je vous propose, c'est d'éliminer un à un les membres de son entourage, puis de s'attaquer à lui. J'ai déjà pris quelques mesure, il ne me manque que votre feu vert. »

"Je vous fais confiance. Agissez de la sorte si vous le souhaitez, même si cela me répugne... Mais essayez de capturer un vampire ou une goule, que je puisse essayer le remède que je vais mettre au point sur quelqu'un."
Elle se tut un instant.
L'incendie avait été maîtrisé : à défaut de ne plus brûler, il avait cessé de s'étendre. Malgré tout, l'on avait toutes les peines du monde à l'éteindre, comme si les flammes que l'on éteignait d'un côté renaissaient de l'autre. Etrange... Ce feu était visiblement une manifestation surnaturelle. Cela confirmait ses soupçons et ceux de Zilmar.

4 juin 1455, à l'auberge du Soleil Bleu.

Armand arriva sur les lieux, le feu venait d'être à peu près maîtrisé, mais il ne tarda pas constater d'étranges phénomènes : le feu reprenait à des endroits improbables, l'inquisiteur sentait une présence terriblement sombre, triste et haineuse. Pourtant il avait beau regardait partout autour de lui il ne voyait personne en particulier par contre il aperçut Eryndel.

Il allait faire demi tour quand celle-ci le vit à son tour, c'est alors qu'il sentit une terrible colère mêlée de déception l'envahir. Il s'approcha alors de la femme, ignorant que l'homme qui se tenait à côté d'elle était le fameux Zilmar, il prit son bouclier et son marteau, le vampire fut prit d'inquiétude l'espace d'une seconde quand il comprit que l'inquisiteur n'allait pas les utiliser pour se battre avec lui.

Non, il jeta son bouclier aux pieds de la Soeur et leva le marteau de guerre au dessus de sa tête, Eryndel hurla :

« NON !!! »

Elle venait de comprendre ce qu'il allait faire, elle venait de saisir toute l'ampleur de son geste en l'espace d'une infime fraction de seconde. Armand abattit son arme sur le bouclier de famille Darrat et le brisa... Armand venait de renier son rôle d'inquisiteur, ses devoirs, l'autorité du Pape, sa vie dévouée au Vatican, sa famille adoptive... Tout, absolument tout ce qui faisait qu'il était Armand Darrat l'inquisiteur. Eryndel regarda l'homme avec un regard sidérée, elle avait compris qu'elle ne finirait pas ses jours dans un couvent non, elle avait détruit un homme, elle avait anéanti sa vie, Armand n'était plus rien, il n'était qu'un homme meurtri au visage brûlé.

"Armand, pourquoi avoir fait cela ?" demanda-t-elle bouleversée, terrorisée même par ce geste. Elle en oubliait de lui donner le titre de Frère. "Êtes-vous devenu fou ? Faire cela, c'est...c'est renier votre famille, renier votre rôle, renier votre vie ! Pourquoi un tel geste irréfléchi ?"
Elle s'agenouilla pour récupérer les fragments du bouclier brisé, et se releva en serrant contre elle.

"Je veux savoir, Armand... Vous, si déterminé, si fidèle aux préceptes de la Foi ? Vous, rejeter votre vie, d'un seul geste, brutal, violent, sans appel, et devant témoins ? Je ne comprends pas..."
Elle regarda le visage ravagé tout en serrant les morceaux de bouclier dans sa sacoche. Et puis, elle comprit...
"Ô mon Dieu qu'ai-je fait...? murmura-t-elle d'une voix quasi inaudible. Elle avança vers lui. "Je ne peux réparer cela... ce n'est pas en mon pouvoir. Mais à défaut, je veux quand même tenter de compenser ce mal fait inconsciemment par un acte meilleur."

Mon Dieu, j'ai besoin de Vôtre bonté. Accordez-moi de guérir les plaies de cet homme et d'effacer ses cicatrices.

Elle posa les mains sur le visage défiguré, et la surprise se lut dans les yeux de l'ancien Inquisiteur quand il sentit la douleur causée par toutes ses blessures disparaître.

Se détournant, elle rendit silencieusement grâce à Dieu mais elle se sentait toujours désolée du geste fait par Armand à cause d'elle, la jeune femme aperçu Zilmar, qui se trouvait toujours à côté d'elle et qui avait observé sans commentaire le geste fracassant de l'arrivant et le miracle opéré par la soeur guérisseuse.
" Zilmar, voici l'Inquisiteur Armand... Armand, vous teniez à connaître l'identité de Zilmar, vous voilà satisfait."

Non, il n'était pas satisfait. Elle s'en doutait, il était anéanti, détruit. Le remords qui lui tordait le coeur ne pouvait la laisser en paix, et pourtant elle était incapable de l'exprimer. Elle se maudit d'être passée si rapidement à un sujet tout différent en présentant les deux hommes l'un à l'autre. Mais avait-elle le choix ?

Les trois personnes étaient là, à regarder le feu. Arnold les avait repéré depuis quelques temps, mais il ne les avait pas encore abordé... Il devait d'abord prendre un peu plus connaissance des personnes présentes et surtout repérer celle que Guillaume lui avait demandé de ramener. Il les avait donc laisser un peu discuté. Il avait vu la prêtresse guérir un homme... Il avait entendu parlé de quelques prêtres capables d'appeler Dieu directement, mais ils étaient très rare... En avoir un face à eux leur compliquerait la tache... Il devait en informer au plus vite Guillaume... Ils arriveraient à surmonter l'obstacle, il en était certain, mais il faudrait y aller bien.

En touyt cas, il était sûr que ce n'était pas elle sa cible... Et Dieu n'aurait jamais accepté de guérir une créature tel qu'il la recherché... Il restait donc qu'uns solution sur la personne recherchée. Il se dirigea donc finalement vers le groupe. une fois devant eux, il s'inclina à la manière des courtisans en disant :

"Messieurs, madame, c'est un honneur de vous rencontrer.

De nombreuses rumeurs court à votre sujet. Il parait que vous avez fait face à des armées de coquins sans fléchir. J'aurais besoin d'homme comme vous... Mais, si possible, j'aimerais n'avoir à parlé qu'à un seul d'entre vous, cela limiterais les risques... Aussi, dit il en regardant intensément Armand, Eryndel et Béranger, si vous pouviez rentrer à la chapelle, vous deux, tandis que si vous vouliez me bien me suivre dans un endroit plus discret, monseigneur, enchaîna-t'il en regardant Zilamr dans les yeux, je vous serais gré."

A ces paroles, les jambes d'Eryndel, d'Armand et de Béranger empruntèrent sans même qu'ils s'en aperçoivent, le chemin de la chapelle, alors qu'il ne pouvait rien y faire, et ce jusqu'à ce qu'ils soient arriver à destination. Ils n'avaient même pas la volonté de le faire. Ils avaient été comme hypnotisés par les paroles du mage, qui s'adressaient directement à leur subconscient. Pendant ce temps, les jambes de Zilmar se mettait elles aussi en marchent, mais dans la direction opposées à celle de ses compagnons, à travers des ruelles du vieux Paris, sans qu'il ne puisse rien faire lui non plus.

Vers l'hôtel particulier de monseigneur de Lasteyrie et une chapelle dédiée à la vierge

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