[Paris] Une rue déserte dans les environs de la chapelle

1er juin 1455 : en provenance des égouts

Turmac, Armand et Eryndel étaient presque arrivés à la chapelle de la Vierge. D'humeur maussade, l'Inquisiteur n'avait plus prononcé un mot depuis qu'ils avaient émergé des égouts. Le moine-soldat, peu bavard de nature, n'avait pas cherché à parler à ses compagnons. Quant à la guérisseuse, songeuse, elle n'ouvrait pas davantage la bouche, plongée dans des interrogations sans fin. Car enfin, qui aurait pu prévoir qu'un tel rassemblement de goules se préparât sous Paris ? et quel but poursuivait celui qu'elle recherchait en provoquant ce phénomène ?

Le fil de ses réflexions fut brutalement interrompu par Turmac, qui la poussa brutalement de côté en criant "Attention !"
Quand elle vit la flèche à l'empennage enflammé qui s'était fichée entre les pavés, là où elle se tenait deux secondes plutôt, elle sentit la reconnaissance la submerger.
Une lueur orangée s'alluma dans l'obscurité, puis une autre, et encore une...
"Une embuscade ! Courons !" cria-t-elle.
Mais comme ils se précipitaient vers l'extrémité de la rue, des formes sombres leur barrèrent le passage.

Le trio se retourna juste à temps pour voir atterrir souplement des goules armées et, contrairement à celle qu'ils avaient éliminé dans la chapelle, nullement aveuglées par la folie meurtrière de la soif.

"Hé bien, on dirait que quelqu'un a fini par découvrir que nous étions sur sa piste, d'une façon ou d'une autre", observa tristement la jeune femme. Prenant son bâton à deux mains, elle se mit en position défensive.

1er juin 1455, une rue déserte dans les environs de la chapelle.

Armand était déjà sur les nerfs depuis tout à l'heure, mais là c'en était trop. Les cinq goules armées et visiblement plus intelligentes que les précédentes, bavaient, grognaient et regardaient les trois religieux avec une certaine joie de pouvoir goûter à une chaire si fraîche.

Deux goules n'y tenant plus chargèrent, l'inquisiteur qui, marteau de guerre en main, accueillit son premier assaillant avec un violent coup qui percuta la mâchoire du mort-vivant, une gerbe de sang et de bave gicla sur le sol précédent la chute de la créature sur les pavés de la rue. La deuxième goule frappa Armand avec un gourdin improvisé, le bout de bois atteignit le thorax du chasseur de démon, lui coupant le souffle et le soulevant à son tour de terre. Le coup suivant, qui aurait éclaté le crâne d'Armand comme un fruit trop mûr s'écrasant sur le sol, fut esquivé de justesse par un réflexe de l'inquisiteur qui roula sur le côté et se releva attend. La goule se redressa au bon moment pour voir la pointe du marteau de la famille Darrat s'enfoncer dans sa tête, suivit d'un coup de pied entre les jambe, comme-ci cela ne suffisait déjà pas assez comme ça.

La goule, dont la mâchoire inférieur ballotait mollement, se remit sur pied et chargea la guérisseuse toutes griffes sorties.

La jeune femme attendait l'assaillant de pied ferme, le visage empreint de détermination. Ces goules étaient encore une fois des ratés... Elle n'avaient rien à voir avec les aspirants vampires qu'elle avait eu l'occasion de rencontrer par le passé. Un bref instant elle se demanda à quoi était due la folie qui déformait leurs traits et altéraient leurs esprit, tout en esquivant machinalement la charge de celle qui lui faisait face. Le monstre, entraîné par son élan, trébucha et tomba. Un coup sec du bâton de la prêtresse dans la nuque de la créature lui brisa le cou, l'obligeant à rester temporairement tranquille. Turmac profita de cet instant pour jeter la torche qu'il tenait encore en main sur la goule à terre afin de l'achever.

Néanmoins, le combat était loin d'être terminé...

Eryndel sortit de son sac une fiole d'eau bénite - elle en avait récupéré à la chapelle avant de partir - et l'accrocha à l'extrémité de son bâton. Elle en lança une à Turmac, une autre à Armand.
"Répandez-en sur vos armes, vous ferez plus de dégâts !"

1er juin 1455, une rue déserte dans les environs de la chapelle.

L'attention focalisé sur la fiole d'eau bénite qui lui était lancée, Armand ne se rendit pas compte qu'une goule courait vers lui. L'inquisiteur tendit la main, attrapa le flacon en verre et fut prit en tenaille par derrière, la goule s'apprêtait à le mordre à la joue pour lui arracher une partie de son visage calciné il y a longtemps. C'est alors que l'inquisiteur brisa le fragile conteneur sur le nez de la créature, qui lâcha immédiatement prise, se tordant sur le sol, le visage fumant comme si l'eau bénite la brûlait avec l'effet de l'acide. Le liquide avait coulé dans la gueule ouverte du monstre mort-vivant, le faisant agonisé dans une seconde mort pleine de souffrance.

Armand souriait à chaque damné qu'il tuait, non pas qu'il éprouvait un malin plaisir quasi sadique à tuer ou à faire souffrir les ennemis de Dieu, il était juste content de remplir son rôle, de protéger les fidèles de Dieu contre les pires ennemis que l'humanité ait pu rencontrer.

Armand venait de gaspiller la précieuse fiole de la guérisseuse sur une seule goule, mais rien ne pouvait plus ravir l'inquisiteur que d'affronter ses adversaires sans autres avantages que celui de les combattre avec sa foi, le marteau et le bouclier de sa famille adoptive.

Eryndel manqua s'étrangler quand elle vit le geste de l'Inquisiteur. Quel imbécile ! Il avait gaspillé la fiole d'eau bénite !
Elle regarda autour d'elle désespérément. Les goules restaient nombreuses.
C'et alors qu'une nouvelle flèche enflammée siffla dans les airs, et une idée vint à la jeune femme qui se battit avec une ardeur nouvelle. QUand une nouvelle flèche s'alluma dans l'obscurité et qu'elle entendit la corde de l'arc se détendra, elle agrippa violemment la goule qui lui faisait face par l'avant de sa tunique et s'en servit comme d'un bouclier. La créature poussa un cri de douleur poignant qui émut aux larmes la guérisseuse. Elle détestait devoir tuer... elle avait pitié de ces goules souffrant de leur damnation au point de devenir folles et agressives... Tout en continuant à employer les goules au corps à corps comme boucliers contre les flèches des archers invisibles dans l'ombre, elle entama la prière des morts pour que leurs âmes trouvent le repos malgré tout.
En même temps, elle avait le sentiment d'être hypocrite en agissant de la sorte. Alors, tout à coup, elle abaissa son arme.

1er juin 1455, une rue déserte dans les environs de la chapelle.

Les goules affluaient de plus en plus et la situation devenait critique. Tout en se battant, Armand s'éloignait de la Sœur guérisseuse si bien qu'au moment où il vit qu'Eryndel abaissait son arme, elle sembla ne pas l'entendre crier :

« Que faites-vous ? Battez vous au lieu de ne rien faire, vous allez vous prendre une flèche ! »

L'inquisiteur para le coup de hache qu'une goule démente lui destinait, il regarda vers les fenêtre et vit une flèche pointait en direction de la guérisseuse toujours immobile :

« Eryndel ! »

Armand frappa la goule qui l'encombrait au crâne, fort d'une colère toute inquisitrice, le coup fit littéralement exploser la tête de la pauvre créature. Le chasseur de démon courut vers Eryndel tout en frappant et repoussant de son bouclier les ennemis qui lui barrait la route. La flèche partit fendant l'air d'un sifflement aigüe, Armand n'arriverait pas attend...

Eryndel évita machinalement la flèche, sans pour autant se remettre à se battre. Elle ne voulait pas tuer, mais ne souhaitait pas mourir non plus.
Bientôt tous les tirs se concentrèrent sur elle, qui semblait une cible facile, tandis que les goules se battant au corps à corps s'acharnaient sur Turmac et Armand, comme s'ils n'avaient plus conscience de la présence d'Eryndel.
En évitant les flèches, cependant, elle ne prit pas garde au fait que les projectiles enflammés l'encerclaient progressivement. Bientôt, elle se trouva piégée au centre d'un cercle de feu.

1er juin 1455, une rue déserte dans les environs de la chapelle.

Armand restait perplexe face à l'attitude de la Sœur guérisseuse et ce qui l'étonnait encore plus c'était le fait qu'aucune goule ne s'en prenait à elle. L'inquisiteur essayait de saisir le sens de ce qu'elle était en train de faire, mais il avait des difficultés à réfléchir, son attention était focalisée sur les griffes qui lacéraient son bouclier et son armure.

A quoi pensait Eryndel, à quoi jouait-elle ?

La prêtresse regarda désespérément autour d'elle, mais elle avait du mal à voir ses compagnons à travers les flammes qui l'encerclaient. Que faire ?
Elle espérait que l'aube approcherait bientôt, car elle pressentait que sans cela, si elle ne parvenait à s'échapper de ce cercle de feu, elle allait mourir. Ne sachant que faire, en désepoir de cause, la guérisseuse se mit à prier tout haut.

1er juin 1455, une rue déserte dans les environs de la chapelle.

Armand compris qu'Eryndel ne jouait à rien du tout lorsqu'il entendit les paroles de la Sœur. Il joignit alors sa voix à celle de la guérisseuse et en chœur il se mirent à prier, Eryndel fermait les yeux pour faire le vide autour d'elle, tandis que l'inquisiteur martelait de plus belle les goules qui se présentaient devant lui.

Mais au bout de quelques secondes Armand fort d'une colère presque surréaliste, semblait effrayer les goules elles mêmes. Elles n'osaient plus avancer vers l'homme et formait un cercle autour de lui, comme-ci une aura émanant de son corps éloignait les mort-vivants. Armand ne paraissait pas étonné par le phénomène y voyant le fait que Dieu lui apportait son aide grâce aux prières qu'il répétait sans cesse avec Sœur Eryndel.

Se rappelant la position délicate dans laquelle se trouvait la jeune femme, il se tourna vers elle. Eryndel était entourait de flamme et Armand ne parvenait plus qu'à l'apercevoir entre deux vagues de flammes. Sans une hésitation il courut vers la femme et bondit à travers le mur de feu, l'inquisiteur arriva à côté de la guérisseuse qui était à présent à genoux sur les pavés de la ruelle, les mains jointes et les yeux toujours clos, plongée dans une prière où elle y mettait toute la force de sa foi.

A la fois en danger et également à l'abri d'un angle de tir des archers, au milieu de la fournaise ardente qui commençait à devenir insupportable, l'inquisiteur s'agenouilla, joignit ses mains à celle d'Eryndel et ensemble ils achevèrent leur prière :

« … Mais délivrait nous du mal. »

Les deux prêtres se relevèrent et Armand entraîna Eryndel dans les flammes en la tenant par la main . L'espace d'une fraction de seconde, ils se firent totalement confiance et franchirent le cercle de feu qui condamnait la guérisseuse à un bûcher non mérité. Eryndel se roula sur le sol pour éteindre les tissus embrasés de sa robe, alors qu'Armand explosai le nez d'une goule en la frappant avec le pommeau de son marteau de guerre.

A l'horizon on pouvait voir les premiers rayons de soleil éclairer un ciel orange.

L'espion chargé d'épier les moindres faits et gestes des trois prêtres avait préféré ne pas les suivre dans les égouts, car il n'aurait pas pu y être vraiment discret. Il attendit donc, en espérant qu'ils ressortiraient par le même chemin. Si le contraire arrivait, il lui faudrait trouver un bon pretexte pour éviter le courroux de Zilmar, car celui-ci ne lui pardonnerait pas facilement de les avoir perdu...

Il eut heureusement de la chance. Quelques longues minutes plus tard, il les vit ressurgir des égouts. Il se remit à les suivre, à une distance raisonable. Cependant, un imprévu arriva. Les trois prêtres tombèrent dans une embusquade.

Seul, l'espion ne pouvait rien faire. Il lui fallait du renfort. Il courut donc aussi vite qu'il le put pour aller avertir Bérenger.
Celui-ci dépécha une dizaine d'hommes et ils se précipitèrent vers le lieu de l'affrontement. Les prêtres semblaient en mauvaise posture. Ils étaient en train de prier, encerclés par des goules.

Les premiers rayons du Soleil arrivaient.

"A l'attaque !" hurla Bérenger.

Lui et les hommes se jetèrent dans la mélée, donnant de violents coups de gourdins et de couteaux aux goules.

Leur priorité était de sauver les trois prêtres.

2 juin 1455, une rue déserte dans les environs de la chapelle.

Quelques peu déboussolé par l'arrivée d'une bande d'homme armé, ressemblant plus à des brigands qu'à des miliciens, Armand continua à lutter pour sa survie. Les archers tirèrent encore une paire de salve de flèches enflammées avant d'être à leur tour la cible de pierres, de couteaux de lancés et de carreaux d'arbalètes.

Les hommes de Bérenger arrivait à point nommé redonnant du moral aux prêtres épuisés par l'éprouvante bataille qu'il menait depuis bientôt une heure. Même si les assauts répétés des goules n'étaient constitués au plus que de cinq ou six mort-vivants, les temps de répit étaient brefs si bien qu'aucune fuite n'avait été possible.

Maintenant que les hommes de Zilmar avait tué ou mis en déroute les archers embusqués, la fin du combat pointait le bout de son nez tout comme les premiers rayons du soleil. La lumière du jour illuminait les corps inertes des zombis à moitié manger par la putréfaction et par leurs propres congénères incapables de contrôler leurs pulsions cannibales.

Lorsque le jour fut pleinement établi, les goules cessèrent de venir attaquer les guerriers trop expérimentés pour eux. Armand et Eryndel se laissèrent tomber sur le sol exténués par les efforts déployés. Armand gémissait de douleur dans un état comateux, la partie brûlées de son visage s'était ouverte, d'impressionnantes plaies sanguinolentes lui donnaient une allure encore moins commode qu'il ne l'était à son habitude. La Sœur guérisseuse se releva à bout de souffle et rampa à quattres pattes jusqu'à l'inquisiteur, elle prit le contenant d'Aloe Vera accroché à la ceinture d'Armand et commença à soigner le visage purulent du prêtre.

Les hommes de Bérenger regardaient le champs de bataille et veillaient à ce qu'aucune goule ne les surprennent en traître, mais au bout d'un moment les regards se posèrent sur Bérenger. Une fois remis sur pied Armand risquait de poser des questions afin de savoir la raison pour laquelle une bande de truands avait déboulé pour leur prêter main forte.

Les hommes s'étaient rendu compte que les assaillants n'étaient pas humains, mais ils ne posèrent aucune question.
Bérenger estima que le danger était écarté. Mieux valait ne pas trainer, car Bérenger savait à quoi s'attendre avec l'inquisiteur.

Il jeta un dernier coup d'oeil à chacun des trois prêtres. Aucun ne semblait trop sévèrement bléssé. Tant mieux.

"On y va les gars."

Bérenger, suivit par ses hommes, s'en alla rapidement, laissant seuls les prêtres encore sous le choc.

Il fallait qu'il se repose, la nuit prochaine risquait d'être agitée selon les dires de Zilmar.

Tout en appliquant l'Aloe Vera sur le visage de l'inquisiteur Armand, Eryndel sortait de l'état second dans lequel l'avait mis sa prière. Elle adressa mentalement une action de grâce à Dieu pour les avoir tiré de ce mauvais pas en leur envoyant le secours inespéré des hommes de Béranger.
C'est bien ce que je pensais, songea-t-elle. Ces hommes ne sont pas mauvais, sinon Dieu ne leur aurait pas inspiré cette action secourable.
Elle garda cela pour elle, cependant. Elle ne tenait pas à se disputer de nouveau avec frère Armand. La confiance qui avait effacé, l'espace d'un instant, tout antagonisme lui était trop précieuse. Quand elle vit leurs sauveurs s'éclipser discrètement, elle ne fit aucun geste pour les retenir, mais elle leur adressa un signe de remerciement en s'assurant que Béranger le remarquât, avant de reboucher le flacon d'Aloe Vera.

"Tout va bien ? demanda-t-elle. Nous ne devrions pas traîner ici. Plus tôt nous serons rentrés à la chapelle, mieux ce sera, et là-bas, je pourrai nous soigner correctement."

Sur une réponse affirmative de ses compagnons, elle se redressa péniblement, et ils se remirent en route, se soutenant les uns les autres.

Direction : une chapelle dédiée à la Vierge.

2 juin 1455, une rue déserte dans les environs de la chapelle.

Armand était troublé depuis l'embuscade, il fixait le sol comme plongé dans une intense réflexion. Trop anxieuse d'en traîner une dispute avec l'inquisiteur, Eryndel n'avait pas osé le déranger. Elle pensait qu'il se posait des questions sur les hommes de Zilmar ou qu'il se préparait à lui soumettre un nouvel interrogatoire. Malheureusement le sujet de réflexion était tout autre.

Qu'est-ce qui m'a pris ? Je sais bien qu'elle était en danger, mais tant de proximité... Ça ne me ressemble pas.

L'inquisiteur avait toujours détesté le contact humain et sa phobie concernait les insectes. Non pas que la vue de ces répugnantes créatures rampantes et bondissantes l'effraye, c'était plutôt l'idée qu'ils puissent se faufiler sous ses vêtements, chatouiller sa peau ou y déposer je ne sais quelle substance gluante, qui l'écœurait au plus haut point. En y pensant il ne put empêcher un frisson de dégoût lui parcourir l'échine. Il lança un regard haineux vers la guérisseuse épuisée qui s'aidait de son bâton pour avancer.

Et elle a osé me toucher le visage pour mon traitement... Je n'ai rien fait ! Je n'ai même pas bougé !

Armand enrageait, son comportement l'insupportait et plus il y songeait plus la nausée lui venait. Ne parvenant pas à se concentrer sur autre chose il se mit à transpirer, ses mouvements devenaient difficiles, son cœur se mit à battre à tout rompre. Soudain il se précipita au dessus du caniveau et se mit à vomir devant ses amis stupéfaits. Eryndel s'approcha et posa sa main sur l'épaule du malade, geste qui fut immédiatement repoussé violemment. Décontenancée par le comportement d'Armand, elle ne dit rien, il retroussa ses manches, encore penché en avant et la guérisseuse poussa un cri étouffé par ses mains :

« Quoi ?! C'est pas la première fois que vous voyez quelqu'un vomir ? Ah ! Mon bras j'ai mal ! »

Il comprit alors la raison pour laquelle la prêtresse avait crié et en même temps pourquoi il était dans cet état nauséeux. Durant l'embuscade une goule avait dû l'atteindre, son bras était lacéré et la plaie avait noirci. La blessure semblait s'infecter à une vitesse impressionnante :

« Vous avez été blessé par un goule ! Eryndel était catastrophé et voyant que l'inquisiteur n'y comprenait rien, elle précisa sa déclaration. Et la blessure me semble des plus profonde. »

Eryndel n'avait eu qu'une fois l'occasion de voir une telle blessure - et il n'y avait pas trente-six solutions face à ça : l'une était fréquemment employée, trop fréquemment au goût de la jeune femme : l'amputation.

L'autre... la prêtresse l'avait employée avec succès, mais la guérison avait été très lente... Il s'agissait d'une préparation d'huiles essentielles extraites de diverses plantes - lavandin, romarin, sauge, thym pour ce qui était des composants les plus courants -, mélangées à un baume de sa composition pour une plus grande efficacité ; malheureusement elle n'en avait qu'un flacon... Il lui faudrait donc en préparer davantage.

Elle en parla néanmoins à l'Inquisiteur :
"Frère Armand, j'ai en ma possession un onguent qui peut stopper l'infection. Seulement..."
Elle hésita, puis se jeta à l'eau :
"Seulement je n'en ai que pour une application. Il me faudra en refaire pour que vous puissiez en utiliser jusqu'à guérison complète."

Crispé par la douleur, Armand ne répondit pas. Eryndel décida donc qu'il était urgent de l'amener à la chapelle. AIdée de Turmac, elle le soutint donc jusqu'au lieu saint situé sous la protection de la Vierge.

Direction : Une chapelle dédiée à la Vierge

Le 3 juin.

Bérenger avait vu la prêtresse entrer dans la Bibliothèque royale. Bien évidemment, il ne pouvait pas y entrer : il devrait donc patienter jusqu'à son retour.

Il décida alors d'aller l'attendre au sanctuaire du Père Thomas. En chemin, il flana dans les rues. Pour une fois qu'il ne trainait pas dans les rues dans le seul but de trouver une victime à détrousser !

Finalement, le métier de truand ne lui manquait pas. Et aider des prêtres à chasser des démons lui plaisait. Non pas que Bérenger croyait en Dieu, en le salut de l'âme, ou même en la bonté, non. Mais il y avait quelque chose dans tout celà qui risquait de lui plaire.

Soudain, il s'arrêta.

"Par le cul d'une pucelle ! s'écria-t-il."

Il venait de se souvenir que Larmesang allait souvent à la Bibliothèque, ses hommes le lui avaient appris le matin même... Mais il ne pouvait rien faire, à par espérer que le vampire ne tombe pas sur la prêtresse. Hum... Sans doute qu'il ne pourrait pas la reconnaitre après tant d'années. Oui, il n'y avait pas à s'inquiéter. Bérenger repris tranquillement sa route.

Il vit alors Roland arriver en courant vers lui.

"Il y a un bûcher à la Place des Deux Ecus ! lui annonça-t-il."
"Quoi ? Un bûcher ?"

Ils partirent tous les deux en courant vers la place. Cela ne pouvait pas être pour Zilmar, car celui-ci était depuis ce matin dans une de ses crises de démences, et il s'était barricadé dans la planque.

Mais quoi qu'il en soit, ce n'était pas de très bonne augure.

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