[Paris] une chapelle dédiée à la Vierge

30 mai 1455, dans une chapelle dédiée à la vierge.


Armant arrivait enfin au terme d'un éprouvant voyage. Son départ du Vatican s'était fait dans la rapidité, il n'avait eu droit qu'à un bref entretien avec le représentant de l'Evêque de Paris qui lui remit une lettre cachetée contenant les indications nécessaires à la réussite de sa mission. Armant l'avait ouverte une fois en route :


Inquisiteur Armand,


J'ai reçu divers témoignages faisant état de plusieurs actes d'hérésies dans la ville de Paris. Cela fait maintenant plus de cinq années que vous êtes parmi nous, ce qui fait de vous l'inquisiteur le plus expérimenté que nous ayons ici. Je vous charge inquisiteur Armant, représentant du pouvoir papal, de mener une enquête approfondie au sein du diocèse de Paris, afin de mettre un terme aux activités hérétiques dont souffre cette région.
Après un entretien avec l'évêque Michel l'Anglais, ayant sous sa responsabilité le diocèse de la principauté d'Orange, il a été décidé que vous rencontrerez Soeur Eryndel et Frère Turmac dans une chapelle parisienne où votre guide vous mènera. Vous avez pour ordre de leur venir en aide en mettant à profit votre savoir faire et de représenter le pouvoir ecclésiastique dont ils auront besoin au cours de leur quête pour qu'ils réalisent au mieux la volonté de Dieu.


Que Dieu vous guide.


Au soir du 30 mai 1455, Armand fut déposé devant les portes de la chapelle parisienne. L'inquisiteur entra dans le lieu de culte, il s'approcha de la statue de la vierge, posa un genou au sol, fit le signe de croix et adressa une prière à Dieu :


« Seigneur tout puissant, je vous remercie de m'avoir ramené dans mon pays natal afin que je puisse y répandre votre parole et offrir la rédemption à travers votre jugement. Mon devoir en ces lieux est de protéger Soeur Eryndel et Frère Turmac des hérétiques qui se dresseraient sur leur chemin, alors je vous prie Seigneur de bien vouloir veiller sur eux et de les épargner des dangers qui les guettent... »


La voix grave de l'inquisiteur résonna dans la chapelle, il se releva, ôta le marteau de guerre et le bouclier qu'il portait sur le dos et s'assit sur un banc en bois. L'homme, vêtue d'une armure couplée de draperies décorées de symboles chrétiens, décrocha le missel d'autel suspendu à une chaîne reliée à sa ceinture et se plongea dans la lecture des textes saints en attendant l'arrivée d'Eryndel et Turmac.

30 mai 1455, dans une chapelle dédiée à la vierge.


La fatigue du voyage débuté en Italie commençait à faire ses effets, n'y tenant plus Armand referma son missel et récita une dernière prière avant de se reposer. L'homme s'installa aussi confortablement qu'il le put sur l'un des bancs de la chapelle, ferma les yeux et fut assailli par le même cauchemar qui le pourchassait depuis des années.


Un soir alors qu'il n'avait que 12 ans, Armand entendit un homme suppliant qu'on lui vienne en aide. N'écoutant que son cœur le jeune enfant ouvrit la porte de l'Abbaye de Silvacane, située dans le village de La Roque-d'Anthéron, une erreur que l'inquisiteur n'oubliera jamais.


Un mendiant était allongé sur le sol, le jeune adolescent s'approcha de l'homme lui demandant ce qui n'allait pas, ils attendirent qu'Armand avance suffisamment du pauvre pour refermer la porte de l'Abbaye et s'emparer de l'enfant. Le jeune Armand fut plaqué au sol par deux hommes, le faux mendiant se releva et voyant que ses deux complices ne parvenaient pas à faire taire l'enfant, il lui asséna un violent coup de pied au visage brisant le nez de l'adolescent. Terrifié par ces trois hommes le futur inquisiteur remit sur ses pieds n'osait plus bouger ni parler, sanglotant de douleur il écouta le mendiant :


« Alors mon p'tit ! On t'as jamais dit qui fallait pas ouvrir à n'importe qui ? Dit le plus violent de ses agresseurs.
- Je... Je voulais juste vous... Vous aider, articula Armand tremblant de peur et de douleur.
- Moi qui comptait tomber sur une d'leur bonne soeur pour prendre du bon temps, vlà qu'c'est un d'leur marmot qui vient rappliquer et d'puis quand les saintes ni touches ont des gosses ? Demanda le mendiant à l'enfant.
- C'est ma maman... Elle... Elle m'a abandonné ici, répondit l'enfant en pleur.
- BOUHOUHOU !!! C'est ma maman qui m'a abandonné, imita l'une des crapules pour ridiculiser l'enfant.
- J'ai une question pour toi... Il était où ton Dieu l'jour où t'as maman à préféré t'abandonner chez les moines pour continuer à faire la catin en paix ! Tellement t'étais dev'nu trop chiant pour ses clients à brailler au moment crucial, hein ?! Cette question déclencha l'hilarité des deux hommes qui tenaient Armand immobile.
- Et attend, attend j'en ai une autre... Pourquoi y vient pas t'aider ton Dieu là maint'nant hein ? Repris le faux clochard. Dis moi pas qui va laisser un pauv p'tit gamin se faire brûler vifs sans rien faire ? Questionna l'homme en allant chercher l'une des torches qui éclairaient l'entrée de l'Abbaye. »


Les deux autres compères tirèrent la tête ensanglanté de l'enfant vers l'arrière, qui criait qu'on l'épargne. Le troisième homme approcha les flammes de visage de l'enfant qui hurla de toutes ses forces... Armand se réveilla brusquement en criant.


Il posa la main sur les brûlures cicatrisées qui avaient ravagé la moitié de son visage, dont il avait miraculeusement gardé l'usage de son œil. Depuis ce jour une rage brûlait dans le cœur d'Armand, c'est dans cette force qu'il trouva la motivation pour devenir ce qu'il était aujourd'hui... Un inquisiteur, un chasseur d'hérétiques qui se jura de pourchasser tous ceux qui oseraient blasphémer contre Dieu, contre ceux qui s'en prendraient aux enfants du Tout Puissant.

30 mai 1455, dans une chapelle dédiée à la vierge.

Armand ne parvenait plus à trouver le sommeil à cause de son cauchemar, il se leva et sortit quelques minutes dehors. L'air frais de la nuit étoilée acheva de sortir l'inquisiteur de sa fatigue. Il entra de nouveau dans la chapelle et remit le marteau de guerre et le bouclier qu'il avait hérité de son père adoptif, l'abbé André Darrat.


Lorsque sa mère l'abandonna devant les portes en bois de Silvacane, c'est l'abbé André Darrat qui recueillit Armand. Étant lui même un ancien inquisiteur, le vieil homme offrit une éducation religieuse très strict à l'enfant qui fut confronté à la fois à la sévérité d'un inquisiteur et à l'affection d'un père.


Le soir André avait pris l'habitude de raconter à Armand les missions qu'il avait accompli au nom du pape, mais il y avait une histoire que l'abbé avait toujours refusé de conter à l'enfant : celle qui avait obligé Darrat à abandonner le pouvoir inquisitorial pour mener la vie plus tranquille d'un abbé.


Cette histoire Armant l'a lu le 12 février 1452 au Vatican, date qui restera à jamais gravée dans la mémoire du jeune homme.

30 mai 1455, dans une chapelle dédiée à la vierge.


La lettre qu'il reçu au Vatican ce 12 février 1452 était accompagnée d'un paquet venant de France, ce fut la dernière fois que son père adoptif lui raconta une histoire :


« Mon fils,


Un jour je reçu un ordre du pape, dans un petit village, une femme avait été arrêtée par la population pour sorcellerie et les habitants de ce hameau s'apprêtaient à la lapider. Le pape s'opposant à une telle condamnation à mort, l'a jugeant trop barbare, m'envoya mener une enquête.
Lorsque je suis arrivé sur les lieux, la population était déchaînée, les autorités séculaires avait des difficultés pour retenir la foule et après bien des discours ce fut les menaces d'hérésie pour entrave aux activités inquisitoriales qui rétablit un calme tout relatif dans ce village.
Je savais que si l'enquête aboutissait à prouver l'innocence de la sorcière, je déclencherai une révolte auprès des villageois. J'ai donc condamné la femme sans suivre l'interrogatoire avec la rigueur que le manuel des Inquisiteurs rédigé par Eymerich l'exige.

La femme fut injustement traitée telle une hérétique et fut brûlée vive sur un bûcher... Je venais de commettre une erreur irréparable. Quand le corps s'embrasa, une femme se précipita sur l'estrade du bûcher en m'implorant que l'on cesse de punir sa fille... Je venais de condamner à mort, une femme innocente.
Les villageois lui reprochaient d'être issue d'un viol et croyaient naïvement qu'elle était une sorcière. Dieu m'a mit à l'épreuve ce jour là et j'ai échoué, je me suis laissé envahir par mes craintes et j'ai tué une innocente sous prétexte que c'était la volonté de Dieu.

Après avoir ainsi salit le nom du Tout Puissant, j'ai abandonné mes obligations d'inquisiteur pour prendre celles d'abbé.
Je n'ai qu'une seule chose à te demander mon fils : nous n'avons jamais su quel était ton nom, alors désormais tu porteras le nom d'Armand Darrat fils d'André Darrat, brandit fièrement le marteau et le bouclier de ma famille et rachète mes fautes à travers tes actes.


Ton père.


Rigueur, justice et sévérité. »


Armand sut alors que son père adoptif était mort, il ouvrit le paquet dans lequel se trouvait le marteau de guerre et le bouclier gravé de la famille Darrat. Il se promit cette soirée du 12 février 1452 que malgré la haine qu'il éprouvait envers les hérétiques il ne condamnerai jamais quelqu'un sans être certains de sa culpabilité.


Armand se plongea de nouveau dans les textes saints de son missel, Eryndel et Turmac ne tarderait plus à arriver.

Un homme en tenue sacerdotal entra alors dans la chapelle, par une petite porte menant à une loge.

"Dieu vous bénisse mes enfants. Oh ! Mais vous êtes religieux je vois !", dit-il, tout souriant.

Il s'approcha d'eux.

"Qu'est-ce qui amène trois prêtres dans ma modeste chapelle ?"

Il s'arrêta net. Il fronça les sourcils en voyant Turmac, et eut un regard noir en regardant Armand.

"Dieu ne tolère pas les armes dans sa demeure, et celà vaut pour tous, même pour les inquisiteurs qui chassent le malin et ses sbires en son nom."

"Laissez-les à l'extérieur, puis dites-moi ce qui vous amène et en quoi je pourrais vous aider."

31 mai 1455, dans une chapelle dédiée à la vierge.


Et bien que de nouveaux visiteurs, lui qui se sentait un peu seul depuis quelques heures était en train de faire la connaissance de trois nouvelles personnes. Ayant entendu l'ordre du propriétaire de la chapelle, il se dirigea vers l'entrée du bâtiment pour y laisser ses armes. Mais n'ayant pas apprécié le regard noir que lui avait lancé le prêtre il ne put s'empêcher de lui dire :


« Et dois-je également laisser la croix, symbole de ma foi, mais qui me sert hélas d'arme contre les rejetons du Malin ? Allez-vous aussi m'obliger à délaisser dehors le recueil de prières, que nous utilisons tout deux, mais qui me permet de repousser les démons ? »


Armand n'attendit pas de réponse de la part de l'homme vêtue de son habit sacerdotal et délaissa son matériel de guerre. Armand retourna auprès d'Eryndel et Turmac faisant exprès d'ignorer le propriétaire des lieux et se présenta :


« Je me nomme Armand Darrat, pardonnez moi de ne pas vous avoir signalé ma présence lorsque vous êtes entrez, mais mon apparence en a effrayé plus d'un, expliqua l'inquisiteur en indiquant d'un geste de la main la partie calciné de son visage.
J'ai été envoyé par le Pape Calixte III, pour vous venir en aide dans votre quête. Pour être sincère avec vous j'ignore le reste et j'attends de vous davantage d'explications. »

L'homme se tourna vers Armand, en souriant.

"Excusez ma rudesse, mais une arme reste une arme, même si elle sert à oter la vie à des démons. Et je vous le répète, le tout puissant n'accepte pas celà dans sa demeure, d'autant plus qu'aucun, démon, ne pourra vous y attaquer. Quant à votre recueil, vous pouvez le garder, il ne sert qu'à la prière, et ne peut en aucun cas servir à la violence. Maintenant, si vous voulez parler théologie, je suis prêt à vous consacrer une autre journée, mais pour l'instant..."

Il se tourna vers la prêtresse.

"Si le pape vous envoie lui-même, c'est que votre mission est vraiment très importante, et sans doute ne me regarde-t-elle pas."

Il parut s'assombrir.

"Vous avez parlé d'une goule et je m'en inquiète, car il peut y en avoir d'autre, et je crains pour les habitants des alentours... N'étant moi-même que simple prêtre et non pas inquisiteur, je suis désarmé face à ces créatures. J'éspère que vous pourrez faire le nécessaire..."

Il fit une pause, pensif.

"Mais j'oublie tout, je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Roland. Et si je puis vous être d'une quelconque aide, j'en serais honoré."

31 mai 1455, dans une chapelle dédiée à la vierge.

« Bien entendu, répondit Armand avant de se retourner vers le prêtre de la chapelle. »


Armand s'approcha de l'homme et lui tendit la lettre portant le sceau du Pape, expliquant qu'il avait été convenu que cette chapelle servirait de lieu de rendez vous aux trois représentants de l'Eglise. Quand le prêtre verrait des noms tels que Calixte III ou encore Michel l'Anglais, il saisirait toute l'importance qu'avait prit la mission d'Eryndel.


Pendant que le prêtre lisait la lettre, Armand précisa un peu plus le rôle qu'il allait jouer au sein du groupe :


« J'imagine que vous n'ignorez pas que la place habituelle d'un inquisiteur est au milieu d'un tribunal, entouré de représentants de l'écclésiarchie. Hélas cette méthode ne fonctionne pas toujours lorsque l'hérésie prend trop d'ampleur dans une même région. Expliqua patiemment Armand.


Ma mission est de lutter de manière concrète contre les actes d'hérésie qui ont dangereusement augmenté dans la capital ces derniers mois. Votre quête entre en correspondance avec mon objectif initial et c'est donc une occasion pour vous de bénéficiez des pouvoirs inquisitoriaux. En tant que représentant du Pape je bénéficie de pouvoirs qui dépasse de loin les vôtres et dont vous pourriez avoir besoin au cours de votre voyage.


De part mon entraînement je pourrais vous guider afin de vous éviter à tous deux de commettre des actes qui sont de mon ressort ou de tomber dans des systèmes de manipulations qui n'ont qu'un but : celui de vous faire tomber dans l'hérésie à votre insu.


Nous avons déjà pu observer des cas où des prêtres sont allés jusqu'à conclure des pactes avec des hérétiques afin d'en appréhender un plus grand nombre. Même si leur but est noble, ils finissent par perdre pied le jour où ils réalisent ce qu'ils ont fait, soi disant au nom de Dieu mais en réalité à la gloire de Satan. Tout le monde mérite qu'un inquisiteur s'intéresse à lui, même les prêtres, lança-t-il en regardant le propriétaire de la chapelle, afin de bien lui faire comprendre qui représentait l'autorité ici.


Je suis là pour que vous restiez dans l'unique chemin que Dieu à tracé pour vous et qui vous mènera à votre but. Je veillerai à ce que vous ne vous perdiez pas sur l'un des multiples sentiers que l'Adversaire à dressé sur notre route. »


La voix grave de l'inquisiteur cessa de résonner dans la modeste chapelle pour laisser place à une réponse. Ce qui dérangeait le plus chez le chasseur d'hérétiques était le visage cicatrisé de l'homme qui semblait du coup incapable de sourire. Ces hommes formaient au Vatican étaient-ils réellement capable d'ordonner l'exécution de centaines de personnes sous prétexte que leurs pratiques religieuses étaient déviantes ? Comment pouvaient-ils justifier des condamnations au nom de Dieu ?

31 mai 1455, dans une chapelle dédiée à la vierge.


Armand sentait bien que son discours ne plaisait pas à Eryndel, mais ce qu'elle ne semblait pas réaliser c'était à quel point elle pouvait facilement outre passer son rôle.



« Pardonnez moi de vous interrompre encore une fois mon père, mais je crains que Soeur Eryndel ne se méprenne sur mes méthodes. La plupart des gens perçoivent l'inquisiteur comme une sorte de fanatique fou furieux qui éprouve un malin plaisir à brûler vif son prochain, sous prétexte qu'il a fait le signe de croix à l'envers ou qu'il s'est endormi pendant la messe. Expliqua Armand en tentant d'introduire une petite note d'humour qui n'eut pas l'effet escompté auprès de son interlocutrice.



Les condamnations à mort et les emprisonnements à vie sont des punitions exceptionnelles et réservées à des êtres absolument abjects qui refusent la rédemption que l'Inquisition leur offre, pour sauver leur âme de l'Enfer.



Tout repose sur l'aveu, celui qui avoue ses pêchés et accepte la pénitence qui en découle aussi sévère et dure soit-elle, pourra sauver son âme. L'inquisition à pour volonté de sauver les pêcheurs car l'Eglise se refuse de laisser son prochain entre les mains du Démon.

Croyez moi Soeur Eryndel, je ne tuerai jamais mon prochain sans lui offrir la rédemption, même au coeur d'un combat.



Mais vous Soeur Eryndel, avez-vous proposé une chance de se racheter aux hommes que vous avez tué ? Armand ignorait si Eryndel avait déjà dû tuer, mais il savait que dans le genre de quête que menait la Soeur, les choses ne se faisait pas sans encombre. Et si un moine guerrier comme Turmac avait été envoyé, ça n'était certainement pas pour l'aider à préparer la soupe.



Ou leur avez-vous ôté la vie sans même leur offrir votre pardon ? Avez-vous au moins tentez de les sortir de leur ignorance avant de leur prendre la vie ? Vous critiquez les méthodes de l'inquisition, mais agissez vous de plus belle manière ?



Je n'attend pas de réponse de votre part ma Soeur, je veux juste vous sortir de vos opinions non fondées. Armand s'adressa de nouveau au prêtre. Pardonnez moi mon père, je vous en prie répondez à la requête de Soeur Eryndel concernant la possibilité de loger ici durant notre séjour. »

Le prêtre de la chapelle paraissait surpris par le discours d'Armand.

"Oui, bien sûr, autant de temps que vous voudrez. Il y a ma loge, là derrière. Elle peut accueillir plusieurs personnes, on pourrait y mettre de quoi dormir. Mais attendez un moment, j'ai quelques rangements à effectuer."

Le prêtre se dirigea vers la loge.

Des bruits étranges se firent entendre. Le prêtre revint au bout de quelques instants.

"Voilà, c'est mieux ainsi. Vous trouverez tout ce dont vous aurez besoin dans l'armoire. Mais ne touchez pas au coffre je vous pris. Bien, je dois vous laisser maintenant, j'ai à faire. Je vous laisse à vos occupations. Que Dieu vous garde."

Il les salua puis parti par la grande porte.

31 mai 1455, dans une chapelle dédiée à la vierge.

Armand attendit patiemment que le prêtre sorte de la chapelle pour retourner chercher l'héritage des Darrat, jugé indigne d'être dans un lieu saint par le prêtre. Il n'avait visiblement rien trouvé d'autre pour discréditer l'autorité de l'inquisiteur.


Lorsque qu'Armant retourna auprès de ses compagnons ces derniers ne purent s'empêcher de lire les inscriptions gravées sur la bouclier du chasseur d'hérétiques. On pouvait y lire des phrases telles que :


"S'il pardonne à l'inquisiteur de l'avoir torturé c'est qu'il n'est pas un hérétique.
Mieux vaut torturer 100 innocents que de laisser vivre 1 hérétique.
L'inquisiteur représente le Pape ! Mais agit au nom de Dieu !
Tant que ses actes sont justifiables par la volonté de Dieu, l'inquisiteur n'aura jamais tord.
Rigueur, justice et sévérité."


Ces phrases ne présagées rien de bon et il était clair pour Eryndel et Turmac que cet homme pouvait aussi bien être un allié formidable, qu'un adversaire redoutable.


En approchant des deux autres aventuriers, il fit une grimace de douleur, la brûlure sur son visage le faisait souffrir. Il sortit un petit sac en cuir qui contenait une sorte de crème, l'homme s'assit sur les des bancs en bois et commença à appliquer la mixture sur son visage. Après avoir terminé d'appliquer l'onguent, il remarqua le regard interrogateur de la Soeur guérisseuse concernant la nature de la crème soignante :


« Pardonnez moi de faire cela devant vous, mais je ne peux pas me passer de cet onguent hydratant à base d'Aloe vera sous peine de voir mon visage se craqueler au moindre mouvement facial. »

31 mai 1455, dans une chapelle dédiée à la vierge.

Armand était intrigué par la guérisseuse, ça n'était pas la première fois qu'il avait le sentiment de rendre nerveux quelqu'un, mais du coup il avait toujours la sensation que la personne en question lui caché quelque chose. L'inquisiteur répondit quand même à la la Soeur, car s'il avait donné ces précisions concernant sont traitement c'était justement parce qu'il se doutait que cela intéresserait la femme :


« Un ami d'enfance qui est un moine réside dans un monastère situé sur le littoral atlantique. L'Aloe vera apprécie les conditions climatiques de ces régions et c'est cet homme qui me l'a fait parvenir à l'Abbaye de Silvacane. Cette plante à de nombreuses qualités médicinales et permet en particulier d'hydrater et de soigner les coupures ou les piqures en évitant les cicatrices. Et l'ingérer permet de soulager les brûlures d'estomac ou encore de palier à des problèmes de constipation. Cette plantes a dit-on 1000 vertus et ce doit effectivement être le cas. »


L'inquisiteur était un homme têtue et buté qui avait la fâcheuse manie de considérer toutes les paroles de ces interlocuteurs comme étant lourdes de sens. C'est pourquoi aucun mot ne tombait dans le néant pour Armand qui, de par sa profession, avait pris l'habitude d'y chercher des aveux inavoués.


Et s'il y avait bien une chose qu'Armand détesté c'était qu'un homme d'église ait des secrets. Armand s'approcha du coffre, qui n'avait rien de louche à première vu, il prit son marteau de guerre dans ses deux mains et frappa sur la serrure qui sauta sous l'impact.


Malgré le regard outré d'Eryndel et Turmac l'inquisiteur n'y prêta pas attention et souleva le couvercle du coffre pour y voir ce qui méritait qu'on ne l'ouvre pas. Avec un peu de chance son acte lui donnerai raison, et surtout de par les expériences du passé qui avait prouvé à plusieurs reprises que les hommes d'église avait bien des choses à cacher à un inquisiteur.

Lorsque le coffre s'ouvrit, ils comprirent tous.
Le coffre ne contenait qu'une seule et unique chose.

Un homme.

Entièrement nu.

Il avait été baillonné avec un chiffon imbibé de chloroforme, et une croix pendait autour de son cou.

31 mai 1455, dans une chapelle dédiée à la vierge.

La découverte avait à la fois soulagé et inquiété Armand. Soulagé parce qu'il avait eu raison d'ouvrir le coffre et que donc aux yeux de ses compagnons cet acte était tout à sa gloire, mais inquiété car cela signifiait qu'il n'avait plus d'endroit où se réfugier. L'inquisiteur devait clarifier la situation avec ses compagnons et décider dans l'immédiat de la suite des évènements. Il était évident que la suite du plan du faux prêtre était de prévenir de la présence des trois représentants de l'Eglise, présent dans la chapelle, et sans doute de les piéger :

« Nous ne sommes plus en sécurité ici et l'hérétique qui nous a berné est sans doute parti chercher des renforts. Qui plus est cela signifie que quelqu'un qui ne nous veut aucun bien sait que nous sommes là, combien nous sommes et quels sont nos armes. Seulement nous ne pouvons pas laisser cet homme ici et il sait peut être des choses intéressantes.
Il est hors de question de rester plus longtemps ici, je pense qu'il vaut encore mieux sortir et se perdre dans la campagne. Et puis si cet homme est le prêtre de cette chapelle il saura où nous sommes et pourra nous indiquer notre chemin. »

Sa proposition étonnerai peut être ses compagnons qui devaient plutôt s'attendre à ce qu'il propose de tendre des pièges un peu partout pour combattre les hérétiques qui les avaient piégé. Seulement ils n'avaient aucune information sur ceux qui s'étaient fait passer pour les propriétaires de la chapelle et l'inquisiteur ne voulait pas risquer stupidement sa vie et celles de la Soeur guérisseuse et du Frère hospitalier. Qui plus est la chapelle était un lieu de prière et non une zone de combat. Armand attendait une réponse, ou pour être plus précis il n'attendait que l'assentiment des autres aventuriers, n'ayant pas pour habitude de voir ses ordres discutés.

Le prêtre, libéré du baillon imbibé de chloroforme, se réveilla rapidement, d'autant plus qu'il était plus résistant que ce qu'avait pensé le faux-prêtre.

"Mais, où suis-je ?"

Il paraissait confus.

"Mais qui êtes vous ?"

Il sembla alors reprendre peu à peu ses esprits. Il les dévisagea un à un.

"Vous êtes prêtres vous aussi ? Je... J'ai été attaqué par Roland, enfin, c'est un truand qui vit par ici vous voyez ? Mais nous nous entendons bien en temps normal. Malgré ses activités, il vient se confesser chaque semaine. Je ne comprends pas. Que voulait-il ? L'avez-vous vu ?"

Le prêtre se releva, il paraissait avoir l'esprit clair désormais.

"Oui bien sûr, c'est un des hommes de main de Zilmar, un des hommes les plus puissants des Bas-Fonds. Il organise toutes sortes d'activités criminelles dans le quartier. Mais je ne comprends pas, pourquoi s'est-il fait passer pour moi ?"