A cause de la colère d'Armand, Bérenger n'avait pas osé suivre la guérisseuse. Il aurait peut-être dû : dans l'état où elle était, elle risquait de faire quelque chose de stupide. Mais c'était trop tard, et Bérenger avait finalement suivit Armand lorsque celui-ci était sorti de la chapelle, fou de rage. Il redoutait en effet ce que pouvait faire l'inquisiteur.
Celui-ci marcha un bon moment, avant d'entrer dans une messagerie. A qui pouvait-il écrire ? Au pape, pour faire un rapport ? Sans doute. Et malheureusement.
Bérenger décida d'attendre qu'il ressorte, caché sous un porche d'échoppe. Au bout d'un long moment, il vit l'inquisiteur sortir du bâtiment et s'éloigner, le visage indéchiffrable.
Il entra alors dans la messagerie, et s'approcha du propriétaire, qui était encore sous le choc. Il fallait qu'il récupère le pli : c'était sans doute de mauvaise augure pour Eryndel, vu ce qui s'était passé une peu plus tôt, mais peut-être dangereux aussi pour Zilmar, si jamais Armand prenait le commandement du groupe de prêtres et obtenait des renforts du Vatican.
Le petit homme au visage rouge et luisant le vit s'approcher d'un air méfiant : les vêtements et la dégaine de Bérenger n'inspiraient pas confiance.
« Hé l'ami, lui lança-t-il en sortant un énorme coutelas. Fais moi voir ce que l'inquisiteur voulait envoyer. Vite. »
L'homme s'affola, puis lui désigna quelque chose par terre d'une main tremblotante tout en bafouillant quelque chose d'incompréhensible. Bérenger, surpris, le ramassa. C'était la lettre d'Armand, déchirée en morceaux. Bérenger essaya de lire, mais la lecture était très difficile à cause du nombre de morceaux, de l'écriture déformée par la colère, et des traces d'encre répandues ça et là.
« Il faut que j'apporte cela à Zilmar, lança-t-il tout haut. »
Il sortit alors, en saluant de son couteau le petit homme affolé, et se dirigea d'un pas sûr vers la planque de Zilmar.