20 mars 1455.
Shallya se réveilla en pleine nuit. Il y avait maintenant plusieurs semaines qu'elle avait été engagée par le capitaine de la garnison de Rouen.
Au début elle s'était demandée pourquoi elle ? Elle n'était qu'une milicienne comme les autres. Les rondes nocturnes n'avaient jamais étaient très passionnantes : personnes dans les rues, juste un chat de temps en temps...
Jusqu'à cette nuit là, ça avait commencé par un mendiant. Shallya était la plus ancienne du groupe, le chef en quelque sorte. C'est donc elle qui avait pris les choses en main :
« Va chercher le capitaine , il faut le mettre au courant ! ».
L'un des miliciens qui l'accompagnaient courut vers la garnison.
« Toi ! Sécurise les alentours, je ne veux personne d'autre que nous dans cette ruelle. ».
Le milicien la regarda d'un air étonnée. Shallya réalisa tout à coup que ce qu'elle faisait était très inhabituel... Pourquoi isolait-elle les lieux ? C'était la première fois qu'elle voyait un homme assassiné et elle n'éprouvait aucune peur, aucun dégoût. Au contraire elle ressentait de l'attirance, elle frémit à cette idée macabre mais la curiosité reprit le dessus :
« Bah quoi ? » envoya-t-elle à l'homme : « Je sais pas moi, trouve des planches, des barrières et bouche moi cette ruelle ! »
L'homme s'exécuta dans une démarche hésitante, ne comprenant pas très bien les raisons des choses. Il marmonna dans sa barbe :
« Quelle histoire ! Tout ça pour un mendiant ! »
Shallya s'agenouilla près du cadavre, le restant des miliciens derrière elle :
« Elle fait quoi ? Pourquoi elle fait ça ? Qu'est ce qu'elle regarde ? ».
La jeune femme analysa les indices : étrangement, le corps n'avait aucune goutte de sang sur ses habits et il n'y en avait pas plus sur le sol. Le mort était si blanc qu'on aurait dit qu'il avait été vidé de son sang. Shallya découvrit son torse pour chercher l'origine du décès, mais rien, aucune blessure apparente. Elle retourna le corps pour voir s'il n'avait pas été poignardé, hélas ça n'était pas le cas non plus, puis en levant les yeux elle aperçut deux petites plaies sur le cou. L'homme avait été mordu par...
« UN VAMPIRE !!! » se mit alors à hurler l'un des miliciens.
La troupe commençait à s'agiter autour de la jeune femme qui tentait tant bien que mal de tenir ses hommes.
Un : « C'EST QUOI TOUT CE RAFUT !!! » ramena le calme dans la ruelle, le capitaine était là, il se dirigea vers Shallya :
« Alors mademoiselle, puis-je savoir pourquoi vous me dérangez en pleine nuit ? »,
la jeune femme répondit : « Nous venons de découvrir un cadavre, il semblerait que l'homme se soit fait attaqué par un... Animal durant son sommeil, à en croire l'absence de trace de lutte, j'ai également remar... ».
Le capitaine l'interrompit : « Et alors ? Ce n'est pas la première fois qu'un mendiant meurt dans cette ville. Qu'est ce que vous voulez ? Que j'organise une battue dans la forêt alentour pour tuer un... Animal comme vous dîtes ? ».
La jeune lieutenant se sentait sous pression et elle avait horreur de cela :
« Et bien, euh... Non c'est juste qu'il me semblait que... Euh enfin il est mort et d'autre gens risquent de se faire attaquer... ».
Le capitaine se mit alors à rire aux éclats : « HA ! HA ! HA ! Pauvre petite fille qui a peur du grand méchant loup !... Si je vous paye c'est JUSTEMENT pour protéger les gens contre vos éventuels animaux sauvages et non pas pour mener de stupides enquêtes d'après de vagues suppositions. ».
Shallya sentait la colère monter : « Je suis tout à fait capable de protéger les gens, c'est juste que je pense qu'il serait judicieux de s'occuper de cette bête, c'est tout. Maintenant si vous préférez laisser les habitants vivre dans la peur c'est votre problème pas le mien ! ».
Etait-elle devenue folle ? Comment osait-elle parler à son supérieur sur ce ton ? L'homme était surpris de la manière avec laquelle cette femme avait osé lui adresser la parole :
« Eh bien mademoiselle, puisque vous semblez être mieux avisée que moi sur la manière de gérer les dangers qui menacent cette ville, vous allez vous en occuper de votre bête... Toute seule, je vous retire votre équipe et il est inutile de revenir la chercher avant d'avoir résolu votre affaire. Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit et une bonne chasse après vos ombres. SI VOUS TROUVEZ UN MORT ALLEZ DERANGER CETTE FEMME AU LIEU DE ME REVEILLER ! MAINTENANT RENTREZ TOUS A LA GARNISON BANDE DE FAINEANTS ! »
C'est ainsi que tout commença, privée de ses hommes, seule pour résoudre une affaire dont n'importe qui ou n'importe quoi pouvait en être l'auteur... Il ne lui restait plus que son épée, son arbalète de poing et un mort sur les bras.